Il n'y a pas de cimetière dans cette localité de l'Est algérois et le projet d'en créer un à proximité de l'Enita, sur un périmètre qui s'y prête, a été renvoyé sine die. La commune de Bordj El Bahri qui s'est vu catapultée, en l'espace de quelques années seulement, au rang de commune surpeuplée, n'a paradoxalement pas de cimetière. Les terres agricoles qui ont été toutes détournées de leur vocation initiale ont dû servir uniquement à l'extension effrénée du tissu urbain. Pris par la fièvre du foncier, ceux qui avaient à leur charge la gestion des affaires de la municipalité durant les trois dernières décennies n'ont pas pensé qu'on pouvait aussi mourir à Bordj El Bahri et qu'on doit prévoir un lieu où les morts peuvent élire domicile. Pour enterrer leurs morts, les habitants de la commune se rabattent sur les cimetières des communes limitrophes, telles que Aïn Taya, Bordj El Kiffan, Rouiba ou encore Heuraoua. Il a été prévu, il y a plusieurs années de cela, la création d'un cimetière pour la commune, le choix s'était alors porté sur deux terrains situés dans deux endroits différents, le premier à la sortie de la ville, aux environs du lieudit Draâ El Guendoul et le second est une parcelle de terrain située du côté du quartier la Terre familiale. Les deux parcelles ont été, par on ne sait quel procédé, déviées de leur destination première pour être attribuées à des particuliers dans le cadre de l'autoconstruction. Lors de la campagne électorale, les élus, qui tiennent aujourd'hui les rênes de l'APC, avaient émis haut et fort la promesse de créer un cimetière à proximité de l'Enita sur un périmètre qui s'y prête, mais depuis, rien n'a été fait dans le sens de la concrétisation de ce projet qui a été renvoyé sine die. Nos multiples tentatives d'avoir le président d'APC pour d'éventuels éclaircissements sur ce sujet sont restées vaines. Quant au directeur de l'Etablissement de gestion des pompes funèbres d'Alger, l'EGPFC, Djaknoun Mohamed, il nous a déclaré : « A notre niveau, nous n'avons pas de projet de création de cimetière au niveau de la commune de Bordj El Bahri. Les seuls projets que nous ayons lancés pour cette année, sont des cimetières à Draria, Chéraga et Gué de Constantine ». Les morts ont un droit sacré sur les vivants, celui du respect de leurs dernières volontés et de leur corps. Les natifs de l'ex-Cap Matifou subissent, faute d'un cimetière, l'exil forcé, leurs dernières demeures étant loin de la terre qui les a vu naître.