Bien que la chose soit connue, il est toujours utile de le répéter : les villes algériennes sont sales et par endroits ensevelies en permanence sous les détritus et les amoncellements d'ordures. Bien entendu, cela ne sort pas des pays sous-développés. L'homme néglige les rejets qu'il produit jusqu'à ce qu'il soit menacé... avant de bouger, si, bien entendu, il veut bien bouger. Mais le drame, c'est que même la campagne devient le déversoir tous azimuts des ordures ménagères et autres. La ville de Guelma, qui passe pour une ville relativement propre par rapport à d'autres, est loin d'être épargnée par la prolifération des décharges sauvages ; elle en est même encerclée et assiégée. Pour s'en convaincre, il suffit d'aller constater la chose de visu. Au sud, sur les contreforts de la Mahouna, outre l'ancienne décharge publique qui pour certains continue toujours d'en être une, les bas-côtés de la route de Djebel Hallouf, sont surélevés d'ordures. Sur la route de Aïn Larbi, au sud-est de la ville, il en est de même. Les détritus, les gravats et les restes des vieilles constructions sont jetés le long de la route, exactement au douar Oued Lamaïz et même au-delà. Concernant le nord de la ville, non loin d'Heliopolis, la décharge « officielle » de Bouguerguer n'a plus de contours la délimitant. On se débarrasse des ordures n'importe où, et tout le monde est content. Les talus constituent le réceptacle des déchets. Il n'y a plus de routes, et même si elles existent elles sont bloquées par des montagnes d'immondices. Des oliveraies sont enlaidies par toutes sortes de saleté. Les prés et les champs sont jonchés de débris et de sachets. Au rythme où vont les choses, on peut dire adieu à la campagne et à la nature. L'on a compté dans un rapport officiel, 58 décharges à travers la wilaya, qui pourtant n'a que 34 communes. Il est vrai que le jour où le centre technique d'enfouissement de Bouguerguer, qui est en phase d'équipement, sera opérationnel, beaucoup de problèmes seront réglés, mais encore faut-il dissuader les gens à respecter la loi. Car, depuis quelques années, le laxisme et le manque de civisme se sont rencontrés et ont engendré l'anarchie totale. Les responsables et les citoyens contribuent à faire de leur ville et de leur campagne un dépotoir, un cloaque, un terrible cadre de laideur, de mort et non de vie. Malheureusement, les enfants y évoluent non sans impunité quelque part et pouvoir local est totalement absent. Au lendemain de l'indépendance, les agents de l'ordre public appliquaient la loi. Si quelqu'un était surpris en train de déverser des détritus dans un coin inapproprié, il était tout simplement sanctionné. Aujourd'hui...