Pour dénoncer un incident provoqué par le directeur du personnel, des travailleurs du MESRS ont tenu un meeting de protestation qui s'est terminé par des interpellations et des blessés. Hier, à 9h30, les occupants de trois camions de CNS sont intervenus dans l'enceinte de la cour du siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à Ben Aknoun, sur les hauteurs d'Alger. En face des éléments antiémeute, une centaine de travailleurs du ministère tenait un meeting de protestation pour dénoncer l'incident qui aurait été provoqué par le directeur du personnel lors d'une assemblée générale des travailleurs du département tenue lundi 10 octobre. Bilan de l'intervention : 9 interpellations, 7 blessés dont une femme enceinte de trois mois qui a failli être victime d'une fausse couche, selon les témoignages recueillis sur place. Dès 14 h, les 9 interpellés gardés dans un des véhicules de la police stationnés devant l'entrée du ministère ont été relâchés et les 7 blessés ont quitté l'hôpital de Beni Messous. Genèse de la crise. « Nous avons invité à l'assemblée général de lundi le ministre, le secrétaire général du ministère ainsi que les directeurs centraux pour discuter de nos revendications socioprofessionnelles, mais il y a eu que la présence des directeurs des finances, de la sécurité et celui du personnel. Ce dernier a insulté une collègue », témoigne un des travailleurs qui dit ne plus avoir confiance en la section UGTA du secteur. L'assemblée générale de lundi a notamment décidé de dissoudre cette section. Avant-hier, mardi, les travailleurs ont tenu un meeting de protestation qui devait se poursuivre la journée d'hier. Hier donc, pendant que les CNS chargeaient les fonctionnaires, une délégation des travailleurs a rencontré le ministre Rachid Harraoubia qui s'est « excusé » de l'intervention des CNS. Selon la délégation qui l'a rencontré, le ministre a considéré que le meeting n'était pas conforme à la réglementation et a donc demandé réquisition, via le wali d'Alger, de la force publique. « Avec l'état d'urgence, ils peuvent interdirent toute manifestation, intervenir et nous tabasser à l'intérieur du ministère. C'est inadmissible ! », s'est écrié une employée, le visage défait par la colère, apparemment choquée les événements de la matinée. Le ministre a proposé au personnel d'élaborer une plateforme de revendications. Réunis en assemblée générale en début d'après-midi d'hier, les travailleurs sont tombés d'accord pour accepter la proposition ministérielle. « Nous présenterons notre plateforme au ministre samedi prochain. Il s'est engagé à étudier point par point nos revendications lors d'une réunion générale en présence des travailleurs et des directeurs centraux », a indiqué un employé. Une plateforme basée sur l'actualisation des revendications formulées par la section syndicale en mars 2004. Sur le point de la représentation syndicale, il semble que le ministre et les travailleurs ont, chacun de leur côté, évacué toute référence à la fédération UGTA. « Je ne veux aucun intermédiaire entre moi et les travailleurs », aurait dit le ministre à la délégation des protestataires. « Tout ça, c'est bien... Mais nous voulons comprendre comment les éléments antiémeute sont arrivés jusqu'à l'intérieur de la cour du ministère. Cela veut dire que je suis davantage en sécurité à l'extérieur du ministère qu'à l'intérieur », résume une employée.