L'Irak continue à vivre les journées les plus sanglantes de son histoire, émaillée il est vrai d'actes de violence, mais sans jamais atteindre ce qui se passe actuellement. Une violence redoutée tant elle faisait partie des hypothèses les plus fortes évoquées par les principaux acteurs comme les Britanniques, bien avant l'invasion de ce pays en mars 2003. La vie dans ce pays est désormais ponctuée, depuis au moins le mois de mai 2003, d'attentats et d'embuscades. Et également de raids comme ceux de samedi qui ont fait près de 40 morts. Ou encore 80 tués en 48 heures. Enorme pour un pays supposé vivre une période de pacification qui l'éloignerait de la sombre période ou supposée comme telle, vécue sous l'ancien régime. La coalition se résout à cette situation comme une fatalité, étant dans l'incapacité de donner les réponses appropriées aux Irakiens qui se demandent par ailleurs de quoi sera fait demain. Le président français est de ceux qui se montrent les plus pessimistes. Quant au secrétaire général de l'ONU qui observe une réserve, relative il est vrai, il s'est tout simplement montré sceptique sur les possibilités d'organiser des élections au début de l'année prochaine comme l'assure le président américain George W. Bush. Samedi, un centre de recrutement de la Garde nationale irakienne à Kirkouk, à 255 km au nord de Baghdad, a été la cible d'un attentat suicide qui a tué 18 personnes et fait 63 blessés, selon l'hôpital de la ville. Vingt autres personnes, dont deux soldats américains, ont été tuées samedi dans le pays dans des attaques, des attentats ou des affrontements. Quatre personnes ont ainsi perdu la vie et cinq autres ont été blessées dans un nouveau raid aérien américain samedi soir sur un quartier du nord de Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad). L'armée américaine a indiqué dans un communiqué qu'elle avait mené une frappe ciblée contre un barrage dressé dans le nord de Falloujah par des hommes armés liés au groupe d'Al Zarqaoui, selon sa version des faits bien entendu. C'est dans un tel contexte que le Premier ministre irakien Iyad Allaoui a déclaré que le procès de l'ancien chef de l'Etat irakien Saddam Hussein pourrait commencer en octobre. Alors qu'un enfant était tué hier à Baghdad dans un nouvel attentat à la voiture piégée, le ministre des Affaires étrangères irakien Hoshyar Zebari a déclaré que son gouvernement devait « être fidèle à son engagement » d'organiser des élections selon le calendrier prévu. « Nous ne devrions pas hésiter à tenir ces élections, parce qu'elles sont la clé du processus politique. Les Irakiens veulent ces élections », a-t-il dit. Difficile de le contredire, mais personne n'a demandé l'avis des Irakiens pour déclencher cette guerre qui leur est imposée, et un cabinet coupé de la population.