«Je n´exclus rien ni l´abrogation ni la réécriture de l´article 4», a déclaré Jean-Louis Debré. La loi de la honte, glorifiant la colonisation, continue de susciter des réactions, aussi bien en Algérie, en France qu'en territoires d'outre-mer. Après la levée de boucliers, côté algérien, notamment l'exigence faite par les hautes institutions de l'Etat à la France officielle de demander pardon au nom de la France coloniale, ponctuée par la montée au créneau des partis de gauche demandant carrément l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février, le président Chirac vient d'apporter un nouvel élément. En effet, après avoir chargé une commission mixte de préparer un texte en annonçant la création d'une «mission pluraliste» devant plancher sur l'action du Parlement face à l'Histoire, le président Jacques Chirac vient d'évoquer la «réécriture de l'article 4», et ce avant même que la commission sus-citée ne rende ses conclusions. Un autre jeu de la part de l'UMP, qui, apparemment, compte en finir avec ladite loi, qui semble devenir de plus en plus encombrante, notamment pour le processus de rapprochement entre Alger et Paris. «Je voudrais aussi aborder la question de l´article 4 de la loi du 23 février 2005. Je m´en suis entretenu hier avec Monsieur Jean-Louis Debré. Le texte actuel divise les Français. Il doit être réécrit. Après avoir consulté les principales associations, le président de l´Assemblée nationale déposera une proposition de loi en ce sens afin de réécrire ce texte, et ceci afin de parvenir à une rédaction qui rassemble et qui apaise les esprits», indique le président Chirac, lors des voeux à la presse à l'Elysée. En outre ajoute Chirac «Je souhaite par ailleurs que cette démarche s´inscrive dans le cadre d´une réflexion générale, car ce n´est pas à la loi d´écrire l´histoire.» Il est donc clair que les choses sont en bonne voie et que la France a d'ores et déjà préparé le texte en question. C'est d'ailleurs, ce qu'a affirmé une source proche de l'entourage du président français à l'agence Reuters, en déclarant que «la proposition de loi est en cours de préparation». Il est utile de rappeler que la loi du 23 février glorifiant la colonisation, a suscité colère et émotion aux Antilles, où le ministre de l´Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui est aussi président du parti majoritaire, a dû reporter un voyage prévu début décembre. Une désapprobation enregistrée aussi, en France, puisque l'opposition de gauche avait demandé l'abrogation de l'article controversé. Une pétition dans ce sens a d'ailleurs été initiée par les mêmes partis, qui menacent d'occuper la rue pour amener le gouvernement à faire machine arrière. L´une des initiatives allant dans ce sens est la pétition lancée sur un site Internet (abrogation.net) par les partis de la gauche et de l´extrême gauche française et qui a été signée, jusqu´à mercredi, par plus de 44 200 personnes. A noter que l'article incriminé était passé pratiquement inaperçu, avant de provoquer de nombreuses protestations et de retarder la conclusion du traité d´amitié entre la France et l´Algérie. La controverse a rebondi le 29 novembre quand les députés de l´UMP, alors soutenus par le gouvernement, ont refusé de modifier le texte comme le proposaient les socialistes. Le président Chirac, qui a rappelé à cette occasion que «ce n'est pas à la loi d´écrire l´Histoire», avait chargé le 9 décembre dernier le président de l'Assemblée nationale française, M.Jean-Louis Debré, de constituer une mission pluraliste pour évaluer l´action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l´histoire . Il convient de rappeler que le président de l´Assemblée nationale a annoncé, hier qu´il présenterait le plus vite possible» une proposition pour modifier l´article 4 de loi du 23 février 2005. «J´ai une conviction: ce n´est pas le rôle de la loi que d´écrire l´Histoire, ce n´est pas à nous, législateurs, de donner à des événements historiques un sens», a-t-il expliqué sur la radio Europe-1. Il a ajouté qu'il a accepté cette mission que le président lui a confiée: «Je n´exclus rien ni l´abrogation ni la réécriture» de l´article 4.