Ces cinq dernières années, le secteur de l'agriculture à Annaba a traversé une forte zone de turbulences. Avec la crise de la filière tomate industrielle qui perdure toujours, le dossier du lac Fezzara géré à fonds perdus, le dossier de la gestion floue des coopératives Essaâda à Besbès avec pour prolongement celui de la Carsi à Annaba sur lesquels enquête la Gendarmerie nationale, le secteur est pris dans la tourmente. Ce qui a eu pour résultats, la disparition de la culture sous serre, une baisse de 50% de la culture de la tomate industrielle par rapport aux précédentes années, la perte de 650 ha d'oliveraies, le traficotage dans la gestion des systèmes d'irrigation au goutte-à-goutte, le gel de la majorité des demandes de crédits déposées par les agriculteurs au niveau de la BADR et la perte de la crédibilité de l'Etat. Tous ces aléas ont été synthétisés dans une seule phrase exprimée ce dimanche par le directeur des services agricoles de la wilaya. C'était à l'occasion de la Journée mondiale de l'alimentation et de la Journée nationale de la femme rurale. « Il est dommage qu'une wilaya aussi importante que Annaba soit classée au plus bas de l'échelle nationale en matière de rendement agricole », a affirmé ce responsable. Nouvellement installé dans ses fonctions, Il ne savait pas que l'inertie de la Chambre d'agriculture et son ancien président sont les facteurs à l'origine de cette situation. Heureusement que sur le terrain, des agriculteurs ont instauré une gestion plus rigoureuse des hommes et des moyens pour remettre les choses sur de bons rails. C'est d'abord la société huilerie Ladida à Berrahal. Après avoir attendu vainement le bon vouloir des structures de l'Etat, son manager a tablé sur ses propres compétences. Il a procédé à la plantation de 2000 oliviers aujourd'hui productifs et au greffage de 5000 plants. En prévision de la prochaine campagne lancée à partir de novembre, la même société est déjà en négociations avancées avec une firme française pour l'exportation d'une importante quantité d'huile d'olive. « Nous avons l'une des meilleures huiles du monde. La notre est unique en son genre du côté de la commune d'El Marsa dans la wilaya de Skikda. Il suffirait d'un petit coup de pouce des structures de l'Etat pour réaliser 2 millions d'oliviers et rattraper le temps perdu. Savez-vous qu'après le tourisme, l'huile d'olive avec 3,5 milliards de dollars de recette est le 2e pourvoyeur de devises en Tunisie », a déclare Lahcène Messak, manager de la société Ladida. L'initiative de l'Association pour le développement et la promotion de l'entreprise (ADPE), les transformateurs de tabac de la société mixte algéro-grecque Atlas Tabacco SPA est arrivée à sensibiliser les agriculteurs de relancer la culture intensive des tabacs bruts et exotiques. Pour la première fois depuis l'indépendance, revoilà le coton qui refait son apparition en Algérie. Les 50 ha dévolus à Annaba pour cette spéculation ont dépassé toutes les prévisions tant et si bien que l'on parle déjà de mise en place de dispositifs de renforcement des capacités de la production cotonnière et de beaucoup d'autres cultures industrielles, comme le tournesol, le maïs et le soja.