L'instruction de l'affaire dite « coopérative agricole Lalaymia Annaba » est arrivée à terme. L'échéance intervient après les conclusions d'enquêtes de plusieurs commissions dépêchées par le ministère de l'Agriculture. Celle du début du mois de février a concerné la gestion des services de l'agriculture de la wilaya des précédentes années. Une autre devrait suivre sur les activités de la Chambre d'agriculture, ses cartes d'adhésion et son patrimoine mobilier et immobilier. La troisième est la plus importante. Bouclée depuis quelques jours, elle concerne la dilapidation des biens propriétés des agriculteurs adhérents de la coopérative, dont 3 conserveries alimentaires : Annaba, Bouteldja, Ben M'hidi ; des villas, des locaux commerciaux et des annexes. Le dossier avait préalablement fait l'objet d'investigations des services de la gendarmerie de la wilaya de Annaba. La dilapidation du patrimoine est aggravée par des malversations à l'origine du trou financier de 290 millions de dinars Ce montant est censé avoir servi pour l'acquisition d'équipements dont les enquêteurs n'auraient trouvé aucune trace. Dans le dossier, il est souligné la disparition de plusieurs tracteurs quelques mois à peine après leur importation de France. Que ce soit du côté des enquêteurs de la gendarmerie comme ceux dépêchés par le ministère de l'Agriculture, des preuves accablantes auraient été entassées. Elles prouveraient les détournements, les abus de biens sociaux et autres trafics. « Contrairement à ce qui a été avancé, notre Chambre d'agriculture n'est pas concernée par cette enquête. J'ai personnellement assuré la présidence de la coopérative Lalaymia. Les tracteurs importés ont été vendus en toute légalité après la dissolution de Labourcoop », explique M. Harzallah, nouveau président de la Chambre d'agriculture. Toutes les anomalies dans la gestion des services agricoles de la wilaya durant les précédentes années, dont le projet de mise en valeur du lac Fezzara, sont mentionnées dans les conclusions de l'enquête remise au procureur de la République près le tribunal de Annaba. « Effectivement, notre tutelle a effectué plusieurs inspections dans les différents secteurs d'activité agricole. Le dossier est actuellement entre les mains de la justice. Je ne peux rien dire de plus », a révélé M. Merakchi, directeur de la direction des services agricole de Annaba (DSA). Ces anomalies sont quelque peu confirmées par la déclaration de M. Harzallah lorsqu'il affirme : « C'est parce que j'ai démontré une certaine curiosité dans divers documents comptables des précédentes gérances que j'ai été remercié une année à peine après ma prise de fonctions. » L'affaire a pris de l'ampleur. Elle s'annonce avec l'éventuelle mise en examen à Annaba et El Tarf de plusieurs fonctionnaires et membres du conseil de gestion. Des élus locaux et nationaux sont aussi sur la liste des personnes sur lesquelles pèsent des suspicions. D'autres pourraient avoir à répondre de leur implication directe ou indirecte dans le dossier de mise en valeur du lac Fezzara, des tracteurs importés de Labourcoop et des chambres froides. Le préjudice est important. Estimé à plus de 520 millions de dinars, il touche plusieurs banques créancières de la coopérative. Le dossier comprend aussi la location dans des conditions très floues, à l'image des conserverie de Bouteldja, de Ben M'hidi et de Annaba. La disparition de nombreuses pièces comptables à la veille du début de l'enquête a intrigué les enquêteurs. Outre l'actuel DSA, la direction du commerce de la wilaya de Annaba est à l'origine du branle-bas de combat des services de sécurité et de la justice. Les inspecteurs de cette institution avaient mis la main sur 57 tonnes de concentré de tomates. Importée de Tunisie sous un faux RC, elle avait été conditionnée sous label algérien pour sa commercialisation sur le marché national. Dans cette affaire, des interrogations restent en suspens. Que ce soit à la Tabaccop de Annaba, à Bouteldja ou à Ben M'hidi, ces 3 coopératives sont aujourd'hui en faillite. Leur patrimoine respectif fait le bonheur des huissiers, des commissaires priseurs et des opérateurs économiques privés locataires ou acquéreurs des biens mobiliers et immobiliers saisis.