Le marché du médicament en Algérie a été hier au centre des débats entre professionnels algériens, arabes, africains et européens. Plusieurs intervenants ont mis l'accent sur le thème principal des troisièmes journées internationales de pharmacie organisées par le Conseil national de l'ordre des pharmaciens, à savoir la disponibilité et l'accessibilité du médicament. Après le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui a inauguré les travaux de cette manifestations, c'est au tour des opérateurs en pharmacie dont Saïdal, l'UNOP et la CNAS. Revenant d'une manière générale sur la politique du médicament, Mourad Redjimi a annoncé qu'un dispositif juridique régissant ce secteur est en phase de finalisation et qu'il sera incessamment soumis aux différents partenaires. « La nouvelle politique pharmaceutique assure la mise en place de mécanismes novateurs qui se traduiront par l'encouragement de la production locale des médicaments, la promotion et la prescription du générique, assurer l'approvisionnement du marché au moindre coût par de nouvelles techniques à l'importation basées sur le principe de la concurrence », a-t-il déclaré. Ce qui réduira, selon lui, la facture des médicaments, à l'importation. Il a également annoncé que la loi sanitaire, qui constitue le cadre principal, sera soumise à l'Assemblée nationale avant la fin de l'année 2004. Plaidant pour une réorganisation de ce marché en appliquant rapidement les réformes proposées, le Conseil national de l'ordre des pharmaciens dresse un état des lieux qui n'est pas très reluisant. A propos de la disponibilité, M. Benbahmed a estimé que ce marché est marqué par des ruptures de stocks dues à des causes structurelles et spéculatives. Les premières raisons sont liées à la distribution atomisée, à la marge insuffisante, au programme d'importation annualisé et à l'instabilité de la réglementation au niveau du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Quant aux positions monopolistiques de certains opérateurs sur certains produits, elles leur permettent d'organiser des ruptures de stock volontaires. « Près d'une centaine de médicaments essentiels et vitaux sont soumis à la spéculation de la part de certains grossistes », a signalé un membre du conseil. Pour M. Benbahmed, « il existe une relation de cause à effet entre les causes structurelles et les causes spéculatives. Ainsi, si les causes structurelles étaient prises en charge, la spéculation aurait dispararu. » Le président du conseil de l'ordre a relevé que certains médicaments génériques sont plus chers que le princeps. « Le marché du médicament ne doit plus compter ce type d'incohérence », a t-il noté avant d'énumérer tous les problèmes rencontrés, notamment le tarif de référence, l'enregistrement, le programme d'importation, les déremboursements et les marges commerciales appliquées aux médicaments. « Afin de pouvoir assurer la qualité, la disponibilité et l'accessibilité des médicaments tout en assurant le développement de la production nationale, le ministère de la Santé doit jouer le rôle de régulateur qui lui est dévolu, dans le cadre d'une économie de marché », a-t-il ajouté. Abondant dans le même ordre d'idée, Daoud Brikci, membre de l'UNOP, a axé son intervention sur les difficultés rendant le marché instable. Il a évoqué la perte des changes considérable enregistrée ces dernières années par les opérateurs privés, la réduction des stocks de fonctionnement, l'absence de statistiques fiables et l'incohérence dans les programmes d'importation. Le Pr Amalou, représentant de la CNAS, a, quant à lui, mis l'accent sur le remboursement des médicaments. Il a signalé que 52 millions d'ordonnances sont remboursées par an et 20% des médicaments consomment 80% des remboursements. « Et les vignettes ne sont conformes que dans 50% de cas », a-t-il précisé. Le Pr Amalou a annoncé que 227 847 905 boîtes de médicaments ont été importées en 2003 pour une facture de 522 millions de dollars. Il a ainsi plaidé pour l'utilisation du produit générique qui constitue, selon lui, la meilleure solution pour réduire la facture du médicament tout en relevant les écarts des prix pour les différents médicaments. Par ailleurs, les congressistes ont eu à découvrir les différents laboratoires algériens et étrangers aussi que les nouveaux produits pharmaceutiques.