Une patrouille passe au moment de la rupture du jeûne et nous distribue quelques dattes et un verre de lait », explique un policier en tenue de combat. Ils sont trois à tenir un barrage dans le centre d'Alger. Des balises marquent le barrage et obligent les automobilistes à ralentir. Au niveau de la première balise, un policier tente tant bien que mal de réguler la circulation. Un second est posté cinq mètres derrière lui, un talkie-walkie en main. Le troisième est debout sur le trottoir, un kalachnikov suspendu à l'épaule, maintenu fermement sous le bras droit. Trois équipes tiennent le barrage à tour de rôle pour une durée de 24 heures. L'équipe de l'après-midi est celle qui galère le plus. « En ce mois de Ramadhan, il n'y a pas d'heures de pointe. Ou plutôt c'est tout le temps l'heure de pointe », explique un des policiers. La circulation est dense, les gens sont nerveux au volant. D'ailleurs, les automobilistes, l'air renfrogné, passent le barrage sans jeter le moindre coup d'œil en direction du policier. Un simple regard sur sa main pour vérifier s'ils doivent continuer leur chemin et accélérer une fois le barrage passé ou se mettre sur le côté pour un contrôle de papiers. « Vers 18h15, il reste quelques retardataires qui circulent, mais sinon c'est plutôt calme. La patrouille arrive pour le changement de poste et pour distribuer les dattes quelques minutes après le ftor. Jamais à la même heure, pour des raisons de sécurité. L'équipe de l'après-midi rompt le jeûne et grimpe dans la camionnette qui les ramènera à la caserne. Une autre équipe de trois policiers s'installe et se prépare à une nuit de surveillance. Celle-là a le ventre plein. Ils ont mangé au réfectoire de la caserne ou chez eux s'ils sont du coin. » « Nous avons dépêché en renfort 5 000 policiers pour la période de Ramadhan », explique le responsable de la cellule de communication des relations publiques de la sûreté de la wilaya d'Alger. « Il y a un changement de comportement pendant le mois de carême. Les heures de pointe ne sont pas les mêmes, les gens veillent et nous devons nous y adapter et sécuriser les citoyens », explique-t-il. La vigilance est de mise dans les stations de bus, les marchés... Le policier travaille ainsi d'arrache-pied durant le Ramadhan. Un mois où il ne chôme pas. Bien au contraire. « Et puis, il s'agit également d'éradiquer le marché informel », soutient le responsable de la communication. Et parce que les forces de l'ordre sont à pied d'œuvre, instruction est donnée pour qu'elles soient convenablement restaurées. « Ce n'est pas du quatre étoiles, certes, mais ils doivent pouvoir manger à la rupture du jeûne comme s'ils étaient chez eux auprès des leurs. Certains viennent de loin et n'ont personne ici. Nous devons veiller à ce qu'ils ne se sentent pas délaissés ou négligés. Des réunions spéciales se sont tenues à ce sujet », continue le responsable de la communication. Chaque sûreté de daïra est responsable de sa brigade. Toutes sont équipées d'un réfectoire. « ça ne fait pas longtemps que je travaille sur ce point à Alger. Mais je sais que lorsqu'on tient un poste depuis longtemps et qu'on s'est familiarisé avec les gens du quartier, certains n'hésitent pas à venir nous donner des boureks ou quelques gâteaux pour nous aider au moment de la rupture du jeûne », commente un des policiers. Il est 16h30. Encore quelques heures à tenir.