A titre exceptionnel, la direction du centre a autorisé, durant ce mois sacré, les pensionnaires à recevoir de leurs familles «le couffin du Ramadhan» deux fois par semaine au lieu d'un autorisé durant l'année. Comment se déroule le ramadhan à l'Etablissement de rééducation de Bab Edjdid, connu sous le nom de Serkadji ? «De façon presque normale», disent les détenus, rencontrés jeudi dans cette prison avant d'ajouter ce détail : «ici ce n'est pas un centre de loisirs». Comment se déroule le ramadhan au niveau de l'Etablissement de rééducation de Bab Edjdid, connu sous le nom de Serkadji ? «De façon presque normale», disent les détenus, rencontrés jeudi dans cette prison avant d'ajouter ce détail : «ici ce n'est pas un centre de loisirs». La chorba, symbole et tradition de ce mois sacré, est inévitablement présente dans le menu du f'tour constitué en ce jour du l'ham lahlou, de lentilles à la viande, d'hors d'œuvre, de fromage, et du yaourt comme dessert. Ce menu semble convenir aux détenus bien qu'il soit loin de contenir les plats traditionnels raffinés. Le directeur du centre, Mohamed Bordji affirme qu'il a été amélioré pour passer à «une valeur supérieure à 80 dinars». A tour de rôle, les détenus désignés pour la répartition de repas, servent les prisonniers à quelques 20 minutes de l'appel à la prière. Idem pour le Shour, les mêmes «réquisitionnés» font la distribution, à 23h30, du couscous aux raisins secs et de petit lait. «Afin de permettre aux 1 345 détenus de plonger dans l'ambiance familiale du mois de jeûne, nous les avons fait sortir des cellules pour rejoindre les salles et rompre le jeûne ensemble», indique M. Bordji. Il est 19h26, la sirène résonne indiquant l'heure de rompre le jeûne. Après la rupture du jeûne avec quelques dattes, les détenus accomplissent la prière avant d'«attaquer» la chorba». Redouane est un jeune détenu. C'est son premier ramadhan en prison. Condamné à trois ans de prison, il trouve l'ambiance plutôt «supportable» et les relations entre les prisonniers «fraternelles», notamment au moment de la rupture du jeûne quand en petits groupes, les détenus partagent dans les cellules le couffin du Ramadhan qu'ils reçoivent de leurs proches. Mais pour Mohamed, le ramadhan est toujours difficile à passer à l'extérieur de la maison «surtout lorsqu'on est père de famille», dit-il. DEUX COUFFINS PAR SEMAINE A titre exceptionnel, la direction du centre a autorisé, durant ce mois sacré, les pensionnaires à recevoir de leurs familles «le couffin du Ramadhan» deux fois par semaine au lieu d'un autorisé durant l'année. Une seule condition leur est cependant imposée : pas de plat de sauce. La raison ? La direction redoute l'introduction de psychotropes dans ces bouillons. Avant de quitter leurs salles d'incarcération, les détenus se réunissent en petits groupes, discutent entre eux. Les uns encouragent les autres à se dévoiler, à s'extérioriser, à se confier pour soulager leur détresse. C'est une sorte de thérapie du groupe. Puis vient la prière de Taraouih. Ce qui est frappant dans la prison de Bab Edjdid c'est la qualité de l'hygiène. «Depuis mon installation à la tête de cet établissement de rééducation, j'insiste beaucoup sur l'hygiène des lieux. Les détenus, à tour de rôle, font d'une manière quotidienne le grand ménage», explique M. Bordji. L'opération permet aux détenus, selon lui, de s'occuper. «Au bout d'un certain moment on remarque de plus en plus de changements dans leurs comportements». Il faut dire aussi que leur prise en charge médicale y est pour quelque chose. «Nous avons 11 médecins soutenus par 5 autres de garde qui assurent la permanence pendant la nuit. Il y a aussi 8 infirmiers et 7 chirurgiens-dentistes et 3 ambulances», observe le DG. Pour ce qui est de la santé mentale, le centre pénitentiaire dispose de 7 psychologues. «C'est nettement suffisant pour assurer une bonne couverture sanitaire. Les détenus sont auscultés à chaque fois qu'ils le demandent», souligne-t-il. Au chapitre de l'enseignement, l'établissement a signé une convention avec trois centres de formation professionnelle, à savoir celui de Bologhine, de la Casbah et celui de Beni Messous. Le centre possède également une bibliothèque contenant 5 449 titres. Les quelque 1 345 prisonniers ont également leurs chaînes de TV qui diffusent des documentaires et des émissions dans le but de les réinsérer dans la société, les programmes de télévision algérienne, Djazira Sports, les films documentaires et culturels. Ici les films sont interdits. Rien de ce qui peut pousser le détenu à la «protestation», à l'exemple des films de violence.