Des attroupements des sans-logis s'organisent actuellement sur l'esplanade du siège de la mairie d'El Biar. Et pour cause, l'actualité locale est alimentée par les malversations inhérentes au thème du foncier. Kamel S., alias Djamel, et une ribambelle de voisins, tous des cas sociaux, sont les heureux attributaires d'une parcelle de terrain dans ce qu'il est convenu de nommer depuis le temps que cela dure « La coopérative de Frais Vallon ». L'affaire remonte au lendemain des émeutes populaires du 5 octobre 1988, à une époque où les citoyens tenus longtemps à l'écart des affaires de la cité pouvaient enfin revendiquer le droit de regard dans la gestion de leur commune. Pour ce faire, une délégation de riverains pour la plupart « des laissés-pour-compte » a été reçue par le maire d'El Biar. L'élu du vieux parti unique a attribué une parcelle de terrain d'une superficie de 5000 m2, répartie en 9 lots et située dans le quartier de Frais Vallon, plus précisément à la forêt des Pins. L'octroi de la parcelle est justifié séance tenante par un procès- verbal de choix de terrain et étayé sur-le-champ par la délibération n° PI/110 tenu en date du 22 mai 1991 ainsi que la distribution des décisions d'attribution. Seulement, le projet tarde à s'esquisser à cause des démarches lentes et harassantes comme l'atteste Kamel S. : « Les démarches administratives entamées auprès de l'administration des Domaines dès l'année 1989 se sont soldées en fin de compte par l'obtention du plan de situation seulement. Certes, le projet a commencé à s'esquisser en 1997, mais la régie foncière a refusée d'encaisser le montant de la cession du terrain au motif du gel momentané des attributions de terrain décidé par l'ex-wali d'Alger, en l'occurrence M. Nourani. » Selon notre interlocuteur, l'Agerfa a été destinataire d'un télex du wali d'Alger, signifiant ainsi la suspension provisoire de l'attribution décidée par le maire d'El Biar. La suspension qui ne saurait excéder un délai de 6 mois dure présentement au grand dam des... malheureux bénéficiaires : « La prorogation de 6 mois est en principe le temps requis pour les besoins d'un réexamen de la situation sociale de l'ensemble des bénéficiaires. Or, nous sommes en 2005 et nous ne voyons rien venir. C'est le provisoire qui dure. En fin de compte, l'étude du morcellement n'a servi à rien, puisque toutes les fouilles devant recevoir l'implantation de nos demeures ont été remblayées sur ordre de la wilaya d'Alger. La parcelle est entourée aujourd'hui d'un mur de clôture réalisée par les services techniques de la wilaya d'Alger et les lots de terrain sont plantés d'arbres », a tenu à préciser notre interlocuteur. En attendant un dénouement heureux de cette embrouille, le quotidien de ces malheureux est rythmé par les va-et-vient incessants à l'APC et à la wilaya déléguée de Bouzaréah, sans pour autant obtenir la moindre solution d'échange à leurs doléances. Notre interlocuteur évoque le cas de la coopérative immobilière de la CNAS, dont les travaux des gros œuvre sont à l'arrêt. Alors que l'affaire est pendante en justice, la parcelle en question a été aménagée en court de tennis au grand désespoir des 176 familles. En réalité, le terrain est convoité par des tiers qui ambitionnent de réaliser une station-service, croit-on savoir. Néanmoins, les coopérateurs attendent toujours l'application de la décision de justice, intimant l'ordre aux pouvoirs locaux de remettre le chantier en l'état épilogue. Le foncier de la municipalité d'El Biar, bien qu'encombré, a enregistré pendant la décennie 1990 des infractions liées à des soustractions de terrains. Selon certains citoyens : « L'unique parcelle de terre, d'une superficie de 19 000 m2, située au boulevard du 11 Décembre et baptisée la forêt des Moudjahidine, a été versée dans les années 1980 au patrimoine de l'APC suite à un arrêté de transfert. Entre-temps, la surface de l'assiette s'est rétrécie telle une peau de chagrin. Il n'en restait plus que 4000 m2 au lendemain de l'avènement de la délégation exécutive communale, qui est intervenue durant la période de 1992 à 1995. » Jusqu'en 2003, l'espace, qui pouvait tenir dans un mouchoir de poche, servait de parking aux moyens matériels de l'organisme NetCom. Actuellement, il n'en reste plus une once de ce terrain. Et pour cause, il semble que la wilaya d'Alger l'a réservé pour l'édification du siège du Conseil constitutionnel, sans pour autant consulter l'administration communale d'El Biar. En conséquence, la rétention ordonnée par l'ancien locataire du siège d'Asselah Hocine à l'encontre des cas jugés nécessiteux n'a pas produit l'effet escompté sur des bénéficiaires nantis et qui continuent de défier les pouvoirs publics.