C'est avec prudence et réserves que des historiens et enseignants français ont accueilli la décision du ministre français de l'Education nationale de ne pas modifier les programmes scolaires français dans le sens voulu par la loi du 23 février 2005. « Il faut aller jusqu'au bout et dire qu'on va abroger cet article s'il ne sert à rien », a déclaré Claude Liauzu, professeur émérite à l'université Denis Diderot-Paris VII, à l'origine d'une pétition protestant contre l'instauration d'une « histoire officielle ». L'article 4 de cette loi, il est utile de le rappeler, demandait que « les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ». Selon plusieurs personnalités citées par l'APS, les inquiétudes suscitées par cet article ne sont pas complètement levées, certains craignant toujours que l'enseignement actuel de la colonisation soit contesté. Ainsi, Olivier Le Cour GrandMaison, auteur d'un livre récent sur le colonialisme, considère que c'est un désaveu de fait d'une loi votée en catimini et à la sauvette. La prise de position de Gilles de Robien « calme le jeu », a estimé, pour sa part, Dominique Comelli, professeur d'histoire chargée de la réflexion autour de cette matière au Syndicat national des enseignements de second degré (SNES). Le ministre français de l'Education, Gilles de Robien, avait précisé, dimanche dernier, que cette loi « n'implique aucune modification des programmes actuels ». Cependant, l'historien français Benjamin Stora a déploré, à l'occasion de la commémoration des massacres du 17 octobre 1961, le « silence des dirigeants et partis politiques » français sur les crimes coloniaux pour lesquels les pays victimes demandent une repentance officielle.