Les informations faisant état de la visite fin novembre du président français en Algérie, conforteraient la thèse que la France demanderait officiellement pardon. La loi du 23 février 2005, glorifiant la colonisation serait abrogée dans les tout prochains jours. C'est ce qui ressort, en effet de la décision du ministre français de l'Education, Gilles de Robien, qui vient d'affirmer que la loi controversée sur le « rôle positif » de la colonisation française outre-mer «n´implique aucune modification des programmes actuels d´histoire». Ce qui constitue en soi un pas important vers la repentance d'une France, qui continue d'honorer d'anciens tortionnaires de l'OAS, de harkis, tout en occultant - sciemment - les crimes commis contre le peuple algérien. Il convient de rappeler que la loi du 23 février 2005, adoptée paradoxalement en plein processus de dégel entre les deux capitales, et qui a soulevé un tollé général, aussi bien en Algérie, qu'en Hexagone, demande dans son article 4 que les programmes scolaires français «reconnaissent (...) et accordent à l´histoire et aux sacrifices des combattants de l´armée française issus de ces territoires, la place éminente à laquelle ils ont droit». Le ministère français de l´Education a confirmé n'avoir donné aux enseignants aucune instruction pour modifier l´approche de la colonisation et que les programmes scolaires qui définissent le contenu des enseignements ne devraient pas changer. La décision de Gilles de Robien a été accueillie favorablement par les historiens et enseignants qui n'ont cessé de demander l'abrogation de la loi «scélérate». Ce qui constitue pour nombre d'historiens français et notamment pour Olivier Le Cour Grandmaison, «un désaveu de fait d'une loi votée en catimini et à la sauvette». La prise de position de Gilles de Robien «calme le jeu», a estimé pour sa part M.Dominique Comelli, professeur d´histoire chargé de la réflexion autour de cette matière au Syndicat national des enseignements de second degré (Snes). «C´est le bon sens», a souligné pour sa part Claude Liauzu, professeur émérite à l´université Denis Diderot-Paris VII, à l'origine d´une pétition protestant contre l´instauration d´une «histoire officielle». Avant d'ajouter qu'«il faut aller jusqu´au bout et dire qu´on va abroger cet article s´il ne sert à rien». Néanmoins, pour Liauzu, les inquiétudes suscitées par l´article 4 de la loi du 23 février ne sont pas complètement levées, certains craignant toujours que l´enseignement actuel de la colonisation soit contesté. Historiens et enseignants français continuent de rejeter cette «ingérence inédite» du Parlement français dans l´approche scolaire d´un fait historique. «à notre connaissance, c´est la première fois qu´il y a une incursion du politique dans la définition de l´interprétation d´un événement», a souligné Benoît Falaize, chercheur en histoire à l´Institut national de recherche pédagogique. Cependant, même si M.de Robien justifie sa décision par le fait que «les programmes d´histoire sont élaborés par des groupes d´experts composés d´universitaires, d´inspecteurs généraux et d´enseignants qui offrent toutes les garanties de qualité scientifique et pédagogique», il reste que des informations concordantes, faisant état de la visite fin novembre du président français, en Algérie, en vue de signer le traité d'amitié avec Abdelaziz Bouteflika, conforteraient la thèse que la France demanderait officiellement pardon, à cette occasion, pour les crimes commis durant la période coloniale. Serait-ce donc un premier pas vers l'accord d'amitié entre Alger et Paris, et à propos duquel le Premier ministre, Dominique de Villepin, avait déclaré qu'il n'est « ni ajourné, ni suspendu». Une réponse on ne peut plus claire aux informations faisant état de la remise en cause du pacte d'amitié, en raison de l'escalade verbale entre les responsables des deux pays, ayant amené Paris à appeler au respect mutuel. C'était lorsque le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, avait à l'occasion de la commémoration des évènements du 8 mai 1945, qualifié les fours à chaux utilisés par les Français de fours crématoires nazis. La décision de M.de Robien, qui intervient à point nommé, sonne comme l'avant-première d'une repentance qui ouvrira une nouvelle étape dans les relations tumultueuses entre la France et l'Algérie.