Considéré comme le « nombril de la cité littorale » depuis des lustres, l'ancien marché de Jijel, avec sa gare routière d'il y a plus d'un siècle comme la présentent des cartes postales encore en vogue, a fait sa campagne. Exiguïté des lieux et insalubrité ont de tout temps régné en ces lieux où la circulation automobile était interdite du fait de la présence des vendeurs à même la chaussée, dans un cadre anarchique et désordonné. Dans ce sens, le mois de Ramadhan est marqué par la délocalisation de cet ancien marché de fruits et légumes qui se tenait à proximité de la grande mosquée Mohamed Tahar Sahli, et ses activités commerciales sont transférées vers un nouveau site, mitoyen de la poissonnerie communale. Cette année, il y a moins de vendeurs de pâtisserie orientale (kalb ellouz, z'labia) sur la voie publique, a-t-on constaté. Les autorités locales ont décidé de « passer à la vitesse supérieure » pour sévir contre tout commerce illicite ou en infraction avec la réglementation. Pour une fois, il n'y a pas eu de flambée des prix ou d'augmentation sauvage comme ce fut le cas les années précédentes. « C'est un Ramadhan de paix », a commenté avec humour un jeûneur pour expliquer cette aubaine. Abondance, disponibilité, fraîcheur : tous les produits exposés à la vente font écarquiller les yeux, à quelques exceptions près pour certaines espèces de poissons. Le mouvement de solidarité envers les démunis et les nécessiteux a, lui aussi, fonctionné aux premiers jours de Ramadhan. 21 restaurants de la rahma ont ouvert leurs portes, selon le comité de wilaya de solidarité qui a mobilisé 40 millions de dinars, dans le cadre de cette opération caritative, à laquelle contribuent le Croissant-Rouge et l'association d'aide aux malades et don de sang. L'animation est pour l'heure le parent pauvre. Hormis quelques soirées à la maison de jeunes du chef-lieu de wilaya animées par des troupes locales, la ville semble avoir « boudé » ce volet probablement pour en avoir assez goûté durant la saison estivale qui vient de s'écouler. Les travaux pour la construction d'une nouvelle mosquée au style alliant avec force authenticité et modernité, et une légère touche futuriste, seront lancés prochainement. Dans les autres localités de la wilaya, chaque commune ou centre de vie passe le mois de Ramadhan dans le calme et ses particularités. Chekfa se distingue, par exemple, par sa variété et diversité légendaire de fabrication du pain. El Kennar, juste à coté, attire beaucoup de monde pour ses kalb ellouz, et El Milia pour ses z'labia. Un bouquet d'activités qui montre toute la richesse, toute l'ingéniosité de la région qui se manifeste durant le mois sacré de Ramadhan.