Si des milliers d'Algériens ont jeté leur dévolu, pendant les vacances de cet été, sur les plages tunisiennes, l'effet inverse a également eu lieu, même si les chiffres et les objectifs diffèrent. Ils étaient 1 207 à traverser en 2009 les postes frontaliers de Heddada et Ouled Moumen en provenance du pays de Benali, ils sont à un nombre plus élevé au huitième mois de l'année en cours. C'est surtout pour s'approvisionner en produits alimentaires, fournitures scolaires, ustensiles et produits électroménagers, que les Tunisiens se rendent quotidiennement aux marchés de Merahna,Taoura et Souk Ahras. Abordé au niveau de la gare routière de Souk Ahras, Abdelhamid, l'aîné d'un groupe composé de trois quinquagénaires dans la force de l'âge, a expliqué ce rush par l'avantage des prix et de la qualité des produits proposés en Algérie. Son compagnon se joindra à nous pour expliquer par un petit calcul mental le bien fondé de ce déplacement pendant le mois de Ramadhan, de surcroît, par un temps de grande chaleur qui sévit dans la région est du pays. «J'habite un hameau situé à 13 km de la frontière, et il m'est plus facile de venir à Souk Ahras que de me rendre à Tunis. De plus, les prix de certains articles, tels que les cartables, les jus, les boissons gazeuses, les produits consommables…, sont à la portée des petites et moyennes bourses» nous a-t-il déclaré. Les 1 000 dinars tunisiens échangés en contre partie de 7 000 DA, sont une véritable aubaine pour ces visiteurs d'une journée qui ne se privent guère d'orner leurs couffins de fruits exotiques ou d'effectuer un déplacement exprès pour l'achat d'un DVD ou d'accessoires pour micro-ordinateurs. Un commerçant de Souk Ahras estime à une trentaine le nombre de ressortissants tunisiens qu'il reçoit chaque semaine dans son magasin. «Un tablier de bonne qualité est cédé à 8 dinars tunisiens et un sac pour écolier qui coûte l'équivalent de 6 DT que voulez vous de plus pour attirer les Tunisiens vers nos marchés», a-t-il dit. Un marchand de fruits et légumes a surtout mis en valeur les qualités intrinsèques de ces clients particuliers, se présentant parfois en famille, et qui «ne rouspètent que rarement sur les prix affichés, et sont très disciplinés». C'est d'ailleurs dans ce marché que nous avons rencontré, Mounji, un Tunisien en plein débat avec un vendeur ambulant. Il énumère les vertus du rapprochement entre les deux peuples.