Les articles électroménagers et les produits cosmétiques sont les plus prisés par nos voisins, qui se déplacent en masse durant les week-end. Il ne se passe pas un jour sans que des dizaines de Tunisiens déferlent sur la ville de Souk Ahras pour s'approvisionner en produits alimentaires et cosmétiques, articles, ustensiles de cuisine, articles électroménagers et tout ce que leurs véhicules peuvent contenir. La précarité de la situation économique et sociale de la Tunisie, aggravée par la montée de la violence et la nette régression des recettes du tourisme, n'est plus un secret pour personne. Les véhicules immatriculés dans ce pays voisin font désormais partie du décor de la cité, notamment durant le week-end où le nombre des visiteurs augmente de manière considérable. «Du temps de Ben Ali, des restrictions quant au déplacement à l'étranger empêchaient beaucoup de personnes de quitter le territoire. Maintenant les temps ont changé, et nous n'éprouvons plus de difficulté dans nos déplacements», nous dit un visiteur d'El Kef, ville de la bande frontalière ouest de la Tunisie. Dans un magasin du centre-ville, une vieille dame calcule avec une jeune fille le prix d'un fer à repasser, qu'elle dit très avantageux par rapport à sa bourse en dinars tunisiens convertis en monnaie algérienne. Un automobiliste ne cache pas son intention en disant: «Toute cette marchandise que je trimballe depuis El Eulma est destinée à la vente, et c'est la différence dans les prix qui m'encourage à refaire le même trajet au moins une fois par mois.» A Heddada, commune située à 42 km de Souk Ahras, tout s'achète de jour comme de nuit: les fruits et légumes, les produits laitiers, les vêtements de fabrication chinoise, les boissons gazeuses, les jus, etc. La mode ces derniers temps est l'engouement pour les plantes médicinales et les herbes prisées pour la préparation de produits cosmétiques de l'autre côté de la méditerranée. A noter que ces ressortissants s'interdisent le trafic de carburant tout en reconnaissant que de l'autre côté de la frontière, ce dernier est source d'abondance en combustible. Le gaz butane connaît, par contre, une forte pression parce que commercialisé légalement.