Les pannes répétées sur le réseau et la rupture des liquidités contraignent les retraités à avoir recours aux bureaux de poste des agglomérations rurales pour percevoir leur allocation mensuelle. Les longues files de femmes et d'hommes que l'on observe devant les bureaux de poste, le 22 de chaque mois, font désormais partie du paysage oranais et rappelle à tout un chacun la date où les retraités perçoivent leur allocation mensuelle. Ce phénomène touche pratiquement toutes les agences et bureaux d'Algérie Poste en activité dans les quartiers des douze secteurs urbains que compte la commune d'Oran. Il n'y a pas un seul établissement qui ne soit pris d'assaut aux premières lueurs du jour. Même en ce mois de Ramadhan, certaines personnes âgées avouent être devant la porte depuis cinq heures du matin, juste après «El-Imsak». Rencontré à sa sortie du bureau de poste d'Es-Seddikia, ce vieux retraité, habitant le quartier de Carteaux, expliquera que «c'est pour être parmi les premiers et être sûr d'encaisser que je suis là depuis le lever du soleil». Les yeux rougis par le manque de sommeil, il expliquera que les pannes répétées sur le réseau et la rupture des liquidités bien avant la fermeture du bureau l'ont persuadé à prendre ses dispositions pour «être le premier arrivé et, donc, le premier servi». Sur ce dernier problème, un receveur d'un bureau de poste de la zone de l'USTO a confirmé que la caisse est insuffisamment alimentée depuis quelques mois, ce qui est à l'origine de fâcheuses situations. «Nous sommes seuls à faire face aux écarts de langage et toutes ces obscénités proférées contre les agents par des citoyens, à bout de nerfs, pour avoir fait la chaîne depuis de heures et repartir sans avoir pu encaisser le moindre sou», a-t-il déploré en notant que cette situation a été signalée à maintes reprises à la Direction. Chaînes interminables Pour d'autres citoyens, le meilleur moyen d'éviter ces intempestives corvées c'est le recours aux bureaux de poste ouverts dans les agglomérations rurales ou les villages environnants, situés à plus de vingt kilomètres de la ville d'Oran. Encore faut-il posséder un véhicule. Comme ce jeune homme qui doit accompagner chaque mois sa mère, une veuve de retraité, à l'agence postale de Misserghin, presque vide, pour se soulager de cette fastidieuse besogne vécue dans les bureaux de la ville. Même à la poste «El Moudjahid» (ex-St Charles), où l'espace et le nombre de guichets sont appréciables, les mêmes interminables chaînes de femmes sont observées. À proximité de cette agence, où est localisé le Centre Régional de Tri, ce sont d'autres attroupements - des vieilles femmes surtout qui viennent chercher leur courrier, faute de facteur - sont remarqués. Ce sont les habitants des lieux dits comme «Kouchet El-Djir», par exemple, qui font le pied de grue pour s'entendre dire par le gardien qu'un nouveau facteur a été affecté dans leur agglomération, située à la sortie sud d'Oran. «Patientez encore une semaine, le temps que ce jeune facteur se familiarise avec le paysage et ses habitants», répétera-t-il, en perdant un peu patience, à chaque fois qu'un habitant de ce site, baptisé du nom de l'ancien four à chaux, lui pose la question : «Y a-t-il une lettre pour moi ?»