L'affaire du Petit Futé continue d'alimenter la polémique sur la toile. Après les récentes explications délivrées par l'éditeur du guide touristique français, Jean-Paul Labourdette, de nombreux blogs, sites spécialisés et éditions électroniques de journaux français, ont planché sur cette affaire qui a déchaîné les passions. Mais cette fois-ci, il semble que la direction du Petit Futé tente de discréditer sérieusement l'auteur de la contribution publiée dans les colonnes d'El Watan, Mourad Kezzar. Et pour cause, Jean-Mary Marchal, responsable de la communication du Petit Futé, a confié à un journaliste de Paris Match, dans un article paru vendredi sur Parismatch.com, que Mourad Kezzar aurait été consulté pour un article. L'attaché de presse souligne également que Mourad Kezzar est un entrepreneur de tourisme dans son pays et que son agence est même citée dans les bonnes adresses du guide ! Pour parismatch.com, il y a donc anguille sous roche car, estime du moins le journaliste du magazine people, il serait «difficile de croire que Mourad Kezzar n'a découvert le contenu que récemment». D'autre part, si parismatch.com n'hésite pas à s'interroger sur le manque de nuance de certaines «remarques méprisantes» du Petit Futé, il n'omet pas de relever également que Mourad Kezzar aurait «forcé le trait» dans sa contribution. «Certains passages pointés par Mourad Kezzar sont tronqués (en partie celui sur les femmes, dont l'extrait amputé relie le code de la famille du président Bouteflika à l'idéologie islamiste) ; d'autres ont une interprétation biaisée (le guide ne parle pas de l'Algérie en général en évoquant le «terreau de la frustration et de la jalousie») ; enfin, un extrait n'existe même pas (celui évoqué à la page 509, qui n'existe pas non plus d'ailleurs, l'ouvrage comptant 502 pages…)», note Clément Mathieu, journaliste à parismatch.com. Celui-ci affirme enfin qu'il a tenté de prendre, en vain, contact avec Mourad Kezzar «pour éclairer ce point». Face à ces graves accusations, Mourad Kezzar, économiste spécialisé en tourisme, n'est pas resté muet. Selon lui, «le responsable du guide, et lors de ses précisions sur Rue89, essaie de mettre à profit les tensions qui caractérisent les relations franco-algériennes, pour faire glisser le débat du terrain de l'éthique vers celui de la politique et faire oublier à l'opinion l'essence de ce débat». «On a l'impression que la faute est à Kouchner et au fantomatique comité de censure algérien !», s'exclame dans la foulée notre interlocuteur qui nous a fait parvenir, hier, ses réactions «indignées» aux propos de Jean-Paul Labourdette. «Mon indignation découle du fait qu'un guide touristique se transforme en un rapport d'une ONG de droit de l'homme dans certaines de ses rubriques, et en un récit des mœurs légères des Algériennes dans d'autres.» Je ne sais pas si une telle phrase, aussi méprisante, que «si les hommes algériens peuvent reconnaître haut et fort que les femmes sont leurs égales, sinon supérieures, reprenant le mythe de la bonne mère dévouée et courageuse sans qui le pays n'existerait plus, bla, bla, bla, dans la réalité, il ne reste pas grand-chose de ce beau discours qui nous surprendrait presque, mérite sa place dans un guide touristique», explique encore Mourad Kezzar, qui se dit ne pas vouloir fermer les yeux sur des énormités «comme celles qui parlent de la femme de toute une région de mon pays». En réalité, pour Mourad Kezzar, il ne faut pas se tromper de débats, car il est essentiel désormais de savoir comment un guide, «si virulent sur l'Algérie, les Algériens et leur régiment est financé en partie par une publicité payée par des entreprises algériennes étatiques» ! «Y a-t-il une destination au monde qui est traitée ainsi dans un guide touristique financé par ses propres fonds ?» C'est là une interrogation qui n'arrêtera certainement pas la polémique d'enfler.