L'imam Moqtada Sadr a bien ordonné l'arrêt des combats, tandis que la Marjaiyya, la plus haute autorité chiite a, quant à elle, accordé sa préférence à l'action politique, mais les combats se poursuivent en différents points du territoire irakien. Ce qui prouve non seulement la multiplication des poches de résistance, et aussi des groupes armés qui mènent sensiblement le même genre d'actions visant pratiquement les mêmes cibles. Mais hier, les observateurs et même certains responsables en étaient à s'interroger, voire douter, de l'opportunité des raids de l'armée américaine empêchant, semble t-il, la libération des otages français. En effet, un imam salafiste irakien, Cheikh Soumaydaï, a critiqué le gouvernement irakien et les forces américaines pour avoir lancé samedi une opération d'envergure dans la région de Latifiya, zone où les deux otages français ont été enlevés en août, estimant que cela empêchait leur libération. La majorité des groupes armés responsables de prises d'otages en Irak se réclame du salafisme, mouvance extrémiste issue du wahhabisme saoudien. Cet imam a, par ailleurs, émis hier une fetwa (décret religieux) appelant les ravisseurs des deux journalistes français otages en Irak à les libérer immédiatement. Effectivement, les forces irakiennes et américaines ont arrêté 500 suspects et mis la main sur des quantités d'armes mais sur aucun otage à Latifiya, au sud de Baghdad, selon un responsable de la Garde nationale (ING, auxiliaire de l'armée). La région de Latifiya est un nouveau triangle des Bermudes pour les étrangers. Ceux qui se dirigent vers le Sud et passent par cette ville ne savent jamais s'ils arriveront à destination. Si le lieu de détention actuel des deux Français est inconnu, les efforts pour leur libération pourraient être compliqués par l'opération en cours. Les combats à Latifiya, qui s'inscrivent dans le cadre du plus important assaut lancé contre la résistance irakienne depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, se sont soldés par la mort de 12 policiers alors que 11 autres ont été blessés avec cinq gardes nationaux et un civil, selon un bilan fourni samedi par la Garde nationale et les hôpitaux de Baghdad et de la région. Quoique ces combats se soient arrêtés dans la nuit d'hier, la précarité reste totale, et aucune région ne semble plus sûre qu'une autre comme le révèle la situation dans le nord irakien pourtant sous strict contrôle des mouvements armés kurdes. Et il serait hasardeux de vouloir prétendre le contraire. Les habitants de Baghdad, en particulier, le savent.