Le seul point noir de cet accord est le refus des miliciens de Sadr de remettre leurs armes à la police irakienne. Le grand ayatollah Ali Sistani a réussi son pari de ramener la paix à Najaf, après une totale réussite de la marche sur la ville sainte laquelle a eu lieu jeudi dernier. Les milliers de chiites qui ont répondu à l'appel de Sistani ont réussi à obtenir une trêve de 24 heures, décidée par les autorités irakiennes. Ils ont par ailleurs, réussi à pénétrer dans l'enceinte du mausolée de l'Imam Ali, tenue jusqu'à ce week-end par les miliciens de Moqtada Sadr. Le succès de l'initiative du grand ayatollah a obligé le chef de l'armée du Mehdi à s'asseoir à la table des négociations, à l'issue desquelles un accord est intervenu entre les deux figures de proue du chiisme en Irak. Quelque peu aidé par le pouvoir irakien qui a durement réprimé une marche, dans la ville de Koufa (proche de Najaf) des partisans de Sadr, faisant 74 morts et 376 blessés, Ali Sistani a pu prendre le dessus sur l'imam radical en lui imposant le désarmement de sa milice à Najaf et Koufa, le contrôle de ces deux cités par la police irakienne. Cela, en contrepartie du départ des Américains de ces localités. Le plan Sistani prévoit également l'obligation au gouvernement irakien de dédommager toutes les personnes affectées par les derniers combats. Le seul point noir de cet accord est le refus des miliciens de Sadr de remettre leurs armes à la police irakienne. Hier déjà, plusieurs miliciens ont été vus en train de ranger leurs armes dans des cachettes et nombreux sont les partisans de l'imam radical qui semblent ne pas faire confiance au gouvernement de Baghdad, d'autant que la répression, sans précédent, dont ont été victimes des civils acquis aux thèses de Moqtada Sadr à Koufa, ne tardera sans doute pas à revenir au-devant de la scène, au moindre problème politique. Cependant, il est clair que les Irakiens qui ont perdu des milliers des leurs depuis l'invasion américano-britanique, souhaitent, plus que tout, l'arrêt de l'effusion de sang et «la paix obtenue à Najaf» par Ali Sistani est, aux yeux de la population, un gage de stabilité future pour leur pays. Les scènes représentant une foule de chiites en pleurs, profitant du cessez-le-feu décrété à Najaf pour pénétrer dans le mausolée de l'imam Ali, renseigne sur une détermination sans faille de la société à tourner la page de la violence. En témoigne l'exemple de ce vieil homme de 63 ans, qui s'est levé à 6h00 du matin pour répondre à l'appel de son guide spirituel. «C'est ça la démocratie. C'est le nouvel Irak, la plus grande défaite que nous puissions infliger aux Américains. C'est le plus beau jour de ma vie», crie le vieil homme, en se précipitant à l'intérieur du lieu saint. Un autre marcheur, 20 ans à peine, ne cache pas sa fierté d'avoir participé à ce coup de force pacifique du grand ayatollah. «Nous sommes en route depuis hier. A notre arrivée dans le secteur, la Garde nationale et la police irakienne ont tiré pour nous empêcher de nous diriger vers le mausolée, mais ils n'ont rien pu faire», affirme-t-il. La plupart des manifestants sont des partisans du grand ayatollah Ali Sistani, le plus grand dignitaire chiite irakien. Pour l'heure, le coup d'éclat de ce jeudi a pour avantage de régler un gros problème en suspens depuis le 5 août dernier. Mais rien n'indique que la crise irakienne a trouvé sa solution, tellement les groupes armés pullulent en Irak, avec en sus, la structuration de «la résistance nationale», un nouvel acteur qui va sans doute faire parler de lui, dans un avenir proche.