Le leader chiite Ali Sistani a montré et plus particulièrement depuis son retour de Grande-Bretagne, où officiellement il se trouvait pour des raisons médicales, qu'il était puissant et suffisamment fort pour regrouper autour de son autorité la communauté chiite. Une façon comme une autre de mettre fin d'abord à l'esprit de rébellion et de dissuader tout écart. Le jeune imam, Moqtada Sadr, l'apprendra certainement à ses dépens, lui qui voulait défier cette autorité et exposer la communauté chiite ainsi que les Irakiens d'une manière générale à toute forme de répression que déciderait la coalition dirigée par les Etats-Unis. Mais Moqtada Sadr ne déclarait pas autre chose que de vouloir résister à l'occupant. Ali Sistani qui exigeait la tenue d'élections, il y a quelques mois, n'a jamais pensé autre chose de la coalition, même s'il était accusé de s'en accommoder. Mais même dans cet esprit-là, c'est toute la pensée politique de l'ayatollah qui est mise en évidence. Faire de la politique, investir le moindre espace, donc jouer le jeu démocratique que la communauté chiite numériquement la plus puissante d'Irak est sûre de remporter. C'est ce qui avait fait dire aux dirigeants américains qu'ils étaient prêts à s'accommoder des choix que les Irakiens venaient de décider. Ce que Moqtdada Sadr refusait de comprendre ou de prendre en considération, bien qu'il soit accusé à son tour de vouloir s'imposer sur la scène politique irakienne, même s'il n'a jamais contesté le rôle de la Marjaïya, cette fameuse institution chiite. Encerclé et mis dans un étau par les Américains contesté dans son rôle, Moqtada Sadr a officiellement restitué hier le mausolée de l'imam Ali à Najaf à l'ayatollah Ali Sistani, a annoncé un responsable du bureau de l'ayatollah. « Moqtada Sadr a officiellement transmis le mausolée à la Marjaïya », la plus haute autorité chiite que représente l'ayatollah Sistani, a déclaré cheikh Hassan Al Husseini, un membre de la délégation de Ali Sistani au mausolée. La délégation de l'ayatollah Sistani a reçu les clefs du mausolée et refermé les portes de l'édifice après le départ des représentants de Moqtada Sadr. Ainsi s'achève ce volet, mais seulement lui, car le reste est à venir avec ce qu'on appelle le plan de Ali Sistani destiné, selon son entourage, à sauver la ville de Najaf. A cet égard, Moqtada Sadr a ordonné hier à ses combattants de désarmer et de quitter le mausolée de l'imam Ali, conformément à l'accord conclu la veille avec l'ayatollah Ali Sistani. Les miliciens remisaient une partie de leurs armes dans plusieurs caches. Certains rentraient chez eux avec leurs armes dans des sacs, alors que d'autres faisaient la queue dans plusieurs endroits pour remiser leurs armes dans des caches de la vieille ville et du marché à l'est du mausolée de l'imam Ali. « Ils vont cacher leurs armes mais ne vont pas les rendre à la police ou à l'armée irakienne », a affirmé cheikh Ahmad Chaïbani, porte-parole de Moqtada Sadr. Le plan de paix, accepté par le gouvernement irakien, stipulait également que les forces américaines devaient quitter la ville sainte et que les autorités irakiennes devaient dédommager les personnes affectées par les derniers combats. Le Premier ministre Iyad Allaoui avait décrété un cessez-le-feu de 24 heures à l'arrivée jeudi de l'ayatollah Sistani à Najaf ajoutant que les miliciens pourraient bénéficier d'une amnistie. A ce jeu, tout le monde gagne, mais indéniablement, c'est Ali Sistani qui s'impose à sa communauté d'abord, aux Américains à qui il permet de mettre fin à une guerre sans plus de dégats et même à la nouvelle autorité irakienne qui a certainement compris que c'est à elle de prendre en compte certaines données et pas l'inverse.