Air Algérie a jusqu'à début novembre prochain pour se mettre au diapason des normes requises de sécurité par l'Union européenne. Air Algérie a du plomb dans l'aile ! Le transporteur national risque de ne plus prendre son envol à destination des pays européens. En effet, menacée d'interdiction de vol, en raison d'un certain nombre de griefs, Air Algérie se verra ainsi «rejoindre la liste communautaire des transporteurs aériens qui font l'objet d'une interdiction de l'exploitation dans la communauté », au même titre que 17 autres pays à l'instar du Surinam ou du Cambodge. Afin d'assurer un contrôle continu des performances en matière de sécurité du transporteur aérien, la commission a exigé que lui soit transmis des rapports mensuels sur les activités de surveillance relatives au maintien de la navigabilité, à l'entretien et à l'exploitation concernant Air Algérie. La compagnie nationale de transport Air Algérie est menacée de se voir interdite de vol dans l'espace aérien de l'Union européenne (UE). Quels sont les griefs formulés à son encontre ? La liste dressée par la commission des transports de la communauté est aussi longue qu'inquiétante. Manquements constatés dans les domaines de la sécurité du transport de marchandises, irrégularités de la navigabilité et de l'exploitation des appareils et infractions dans les licences du personnel navigant, autant donc de points noirs qui mettent quotidiennement en péril la sûreté de milliers de passagers. Le Comité de la sécurité aérienne a publié, en date du 5 juillet 2010, au Journal officiel de l'Union européenne, le compte rendu de sa dernière réunion, où il est traité du «cas» Air Algérie. Et la méfiance de l'autorité européenne en aviation civile ne date pas d'hier, puisque des enquêtes sont régulièrement exécutées depuis le mois de janvier 2009. «Après avoir analysé les résultats des inspections SAFA effectuées sur des aéronefs exploités par Air Algérie dans l'UE depuis janvier 2009, la Commission a procédé à des consultations avec les autorités algériennes compétentes le 7 décembre 2009 et le 5 février 2010 afin de remédier aux manquements constatés», peut-on lire dans le rapport publié au JO. Depuis, de nombreuses correspondances et communications ont été échangées entre les deux parties, et ce, dans le but de convaincre l'UE de réévaluer le dossier Air Algérie. «Dans leur réponse du 15 mars 2010, les autorités algériennes compétentes ont communiqué des informations concernant les mesures prises pour remédier aux cas de non-conformité établis à la suite des inspections au sol», est-il mentionné dans le même document. Obligation d'application et de suivi du plan correctif Ces mesures ne semblent toutefois pas être suffisantes puisque la commission, en date du 6 mai dernier, a demandé «des informations complémentaires» que la partie algérienne fournira le 27 mai suivant. Par la suite, et à l'issue d'une réunion qui s'est tenue le 9 juin dernier avec «les autorités algériennes compétentes, le transporteur aérien ainsi que les autorités compétentes de la France et l'Autorité européenne de la sécurité aérienne, (AESA)», les responsables algériens se sont engagés à fournir des informations complémentaires avant la réunion du comité de la sécurité aérienne, notamment une liste des activités de surveillance exercées par cette autorité à l'égard d'Air Algérie. Chose faite le 18 juin. De même, l'Algérie s'est également engagée à soumettre à bref délai un plan de mesures correctives détaillé, accompagné d'un calendrier de vérification et de mise en œuvre de ce plan. «Parallèlement, et à la demande du transporteur aérien, les autorités françaises compétentes ont mis sur pied une initiative de sensibilisation et de formation dans le cadre du programme SAFA de l'UE», affirme la commission. Mais les vœux pieux ne suffisent pas en terre européenne et l'on ne badine pas avec l'intégrité des voyageurs ou des installations. De ce fait, l'application de ces plans de «redressement» est suivie de près par le comité. Afin d'assurer un contrôle continu des performances en matière de sécurité du transporteur aérien, la commission a exigé que lui soit transmis des rapports mensuels sur les activités de surveillance relatives au maintien de la navigabilité, à l'entretien et à l'exploitation concernant Air Algérie. De même pour ce qui est de la vérification de la mise en œuvre du plan de mesures correctives. «obligation d'informer les passagers» «La commission encourage les autorités algériennes compétentes à poursuivre leurs efforts pour améliorer le respect des normes de sécurité applicables», est-il ajouté. Dans l'intervalle, les Etats membres de l'Union européenne s'engagent à contrôler le respect effectif des normes de sécurité applicables en donnant la priorité aux inspections au sol à effectuer sur les aéronefs, de manière à intensifier le nombre d'inspections d'Air Algérie et de constituer la base nécessaire à une réévaluation de ce dossier lors de la prochaine réunion du comité de la sécurité aérienne qui doit avoir lieu en novembre 2010. L'Union européenne donne ainsi «aux autorités algériennes compétentes» jusqu'à novembre 2010 afin de se conformer à la réglementation en vigueur. Faute de quoi, Air Algérie se verra rejoindre la liste communautaire des transporteurs aériens qui font l'objet d'une interdiction d'exploitation dans la Communauté européenne, au même titre que 17 pays, représentés par près de 300 compagnies aériennes proscrites, à l'instar du Surinam ou du Cambodge. Cette mise aux normes est-elle possible, voire imaginable, avant cette échéance de seulement deux mois ? Rien n'est moins sûr, tant les bévues et autres perturbations ont été signalées ces dernières semaines. Lorsque l'UE répond, par ces interdictions, à l'obligation d'informer «les passagers du transport aérien sur l'identité du transporteur aérien effectif», aucune communication ou information n'ont filtré du côté algérien. D'ailleurs, Air Algérie comme les responsables du ministère des Transports étaient tous deux «injoignables» durant toute la journée d'hier.