Les musulmans du Jammu et Cachemire, qui sont majoritaires dans cet Etat indien tourmenté, connaissent un Ramadhan morose et triste. Les affrontements entre les séparatistes et les forces de sécurité font chaque jour des victimes parmi les Cachemiris. En seulement deux mois d'affrontements, 64 civils ont trouvé la mort durant les manifestations. Habitée par 7,5 millions de musulmans, cette partie indienne du Cachemire est en proie, depuis juin dernier, à des troubles constants. Et si le gouvernement de Delhi y voit la main du voisin pakistanais, la population locale accuse l'administration centrale de vouloir marginaliser les jeunes Cachemiris, dont 400 000 sont chômeurs. Le couvre-feu imposé à la région a fini de ruiner les commerçants qui déplorent des pertes énormes durant ce mois sacré. La peur qui empêche les consommateurs de circuler dans les rues a sonné le glas de l'économie du territoire. Mais l'esprit du Ramadhan semble survivre aux évènements sanglants. Le Premier ministre du Jammu et Cachemire, Omar Abdullah ,a accordé son pardon à un officier de la police, suspendu, qui avait lancé sa chaussure contre lui, en signe de protestation. Cela s'est passé le 15 août dernier, alors que l'homme politique prononçait son discours à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Inde. Abdul Ahad Jan a lancé sa chaussure contre la victime, la ratant de peu. Décidé à pardonner à son agresseur, le Premier ministre, a opté pour la mansuétude. «L'esprit du mois sacré du Ramadhan nous enseigne à pardonner et à oublier», a lancé le Premier responsable du Jammu et Cachemire. Par contre quinze policiers ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir permis à Abdul Ahad de s'infiltrer dans la tribune des personnalités et commettre son geste. Un autre fait a défrayé la chronique ramadhanesque au Cachemire. Les funérailles dans le pur style hindouiste de Somnath Koul, père de famille décédé, n'ont pu être célébrées que grâce à la généreuse participation des voisins musulmans. Les rites funéraires hindous sont très longs et compliqués et pour les accomplir il faut compter sur l'apport de plusieurs personnes. Veerjee Koul, fils du défunt, s'est dit «reconnaissant» envers ses voisins musulmans sans l'aide de qui il n'aurait pu honorer la mémoire de son père.