Notre confrère Le Soir d'Algérie vient de souffler sa vingtième bougie. Lancé le 3 septembre 1990, comme publication du soir traitant des phénomènes de société, Le Soir d'Algérie ne tardera pas à se transformer en quotidien du matin pour s'inscrire résolument, comme le dit si bien son directeur de la publication, Fouad Boughanem, dans «la bataille qui a mobilisé la majorité des Algériens et une grande partie de la corporation pour empêcher la nation de sombrer dans le chaos» (éditorial de l'édition de jeudi dernier). Le Soir d'Algérie était l'un des porteurs de la résistance contre le terrorisme et sa matrice idéologique, l'intégrisme. Il en payera d'ailleurs le prix fort, le 11 février 1996, lorsqu'une bombe a explosé devant ses locaux situés à la Maison de la presse, côté rue Hassiba Ben Bouali, Alger. Ce jour-là, Le Soir d'Algérie a perdu Allaoua Aït Mebarek, son rédacteur en chef, Mohamed Dorbhan, son caricaturiste chroniqueur, et Mohamed Derraza, chargé des pages Détente. Nos confrères du Soir d'Algérie n'ont pas fléchi, souvenons-nous que l'édition du journal n'avait mis que quelques jours pour réapparaître. Ils n'ont pas abandonné la bataille. Les drames vécus n'ont fait que renforcer la détermination de l'équipe pour éviter la disparition du journal, dont les bureaux avaient été totalement rasés. Avoir vingt ans c'est jeune, mais cela procure la force de résister et de mener d'autres luttes. Fouad Boughanem le décline en quelques mots : «Il est loisible aujourd'hui d'épiloguer sur l'absolue nécessité pour la presse de ne pas prendre parti et de ne s'en tenir qu'à l'information. Le Soir d'Algérie se serait ainsi sorti indemne de tous les drames et aurait traversé l'histoire récente de notre pays sans inquiétude. Il se trouve que ce n'est pas notre conception du journalisme, tant il est vrai que la dévitalisation de cette profession réside dans son absence d'engagement.» De ce dernier (l'engagement), notre confrère en fait son credo. En plus de l'engagement professionnel qui consiste «à veiller scrupuleusement à l'exercice loyal et sain du métier d'informer», l'éditorialiste insiste surtout sur l'engagement politique. «Même s'il nous a valu moult accusations, cela ne nous fera pas fléchir», tranchera Fouad Boughanem. C'est en fait, cette doctrine et cette ligne de conduite qui ont donné au Soir d'Algérie le capital crédit dont il jouit aujourd'hui. Et il n'est pas prêt à marchander ce capital : «Le Soir d'Algérie n'a à aucun instant fait mystère de ses convictions, même si cela le met souvent en situation de survie.» C'est sous le sceau de la fidélité que notre confrère, qui continue à assumer avec beaucoup de courage les débats engageant l'avenir du pays, a tenu à fêter son 20e anniversaire. Longue vie à notre confrère.