Incisive ! La générale de Attention au chien, une adaptation d'un texte écrit par l'Egyptien Fethi Redouane, présentée il y a quelques jours au Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, et devant apporter un peu de mordant à des soirées ramadhanesques indiscutablement atoniques. Tel a été le cas avec la pièce proposée par l'atelier El Harf du théâtre universitaire de Sidi Bel Abbès. Quatre jeunes et talentueux comédiens, dont deux compriment leurs rôles sur les tréteaux pour la première fois de leur vie, viennent de réussir une nouvelle expérience. Une pièce compilée et cimentée par le comédien et metteur en scène Bouadjaj Ilès Ghalem, 31 ans, a choisi de mettre en situation les errements illusoires d'un chien qui déchaîne toutes les rumeurs. Dans Attention au chien, Bouadjaj authentifie et donne toute la mesure de son talent en interprétant le personnage de Badi Madloum (à traduire par : débute en étant opprimé), dont le penchant très prononcé pour l'art plastique mais aussi pour la race canine, l'entraînera dans une mésaventure qui le conduira tout droit devant un tribunal. Tout en couleur, l'histoire d'un chien légué, qui devait arriver par un vol régulier Oran-Alger, d'Air Algérie, provoque un branle-bas de combat général. L'arrivée du quadrupède se fait improbable, Madloum s'inquiète, ses voisins sont atteints d'une véritable psychose à la vu de banderoles sur lesquelles est transcrit dans les deux langues Attention au chien. De l'intempérant amateur de bière, que les aboiements imaginaires empêchent de dormir au professeur d'université farouche défenseur d'une drôle de culture canine en passant par la voisine mordue par un chien fictif, Bouadjaj invite son public à faire un tour dans un univers peuplé de paranoïaques qui se nourrissent de rumeurs. Badi Madloum accusé de grave négligence et surtout de n'avoir pas tenté d'éviter à sa voisine de se faire mordre, risque d'être condamné et emprisonné pour des faits imaginaires. Il crie à l'arbitraire et jure n'avoir jamais croisé le maudit chien. Rien n'y fait, Badi, dont une faute d'orthographe commise par le greffier altère la réputation et le fait passer pour Bandi (un bandit), se croit perdu. Un événement imprévu sauvera le plus infidèle ami du chien. La nouvelle est portée à la connaissance de la juge. Délivrance : le chien est mort ... Badi Madloum est libre.