Le palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba a accueilli, pour sa vingt-septième soirée ramadhanesque, la troupe féminine Izelouane ahellil d'Adrar. C'est en présence d'une assistance clairsemée mais esthète que l'imposante formation Izelouane d'Adrar a présenté quelques grands standards du répertoire ahellil du Gourara, classé patrimoine de l'humanité par l'Unesco. Durant pas loin de deux heures bien pleines, les présents ont pu s'enivrer de cette musique rythmique et de cette poésie ciselée. Le la de la soirée est donné par la troupe féminine au grand complet, constituée de seize dames, vêtues d'un habit traditionnel blanc. Les choristes sont placées en demi-rond et en rang serré. Les extrémités sont occupées par trois percussionnistes hommes. Dès lors, chaque artiste a la responsabilité de son espace. Après un prélude où seuls les instruments musicaux résonnent, la sublime voix de la doyenne Ben Messaoud Abadi transgresse le silence pour interpréter avec brio quatre chansons à fortes consonances religieuses dont Allah ma Salama âala Mohamed, Salem Salem ya Rassoul lill Allah, Sidi Ya allah Ya Moulana et Ya Rassoul habib Mohamed. Assises l'une à côté de l'autre, les choristes lui donnent la réplique en tapant des mains et en lançant des youyous. La chanteuse regagne les rangs en laissant sa place à une autre voix masculine sublime, incarnée par Abderrahmane Oueled Mohamed. Grattant sur son instrument musical fétiche avec une réelle passion, le oûd, il convie plus d'un à une série de chants qui se succèdent, dont entre autres Bismi Allah wa bi Allah Moulana Taleb El Chek, Djaba El Aâarabi, Allah Ya Mohamed. Florilège sacré Le rythme lent s'accélère progressivement, puis au bout d'un moment, les couleurs, les odeurs et les émotions sont en osmose. Les sens sont alors actifs. Les vibrations du karkabou, du violon et des percussions, ajoutées à la voix mielleuse du chanteur, poussent certains spectateurs à danser, mais les plus malins enregistrent sur leur téléphone portable ces chants prodigieux, glorifiant la spiritualité authentique. La soirée se clôture par deux ultimes titres Ya Ilah el ahmed, ya moulet el zin et Ya Mohamed Allah El Choukr Allah. Chantant tout ce qui est profane tantôt avec le dialecte du gourara «le zénète»» et tantôt en arabe pour le religieux, la troupe Izelouane a offert un excellent bouquet de chants sacrés. Il est à noter que la formation Izelouane ahellil de la daïra de Cherrouine de Béchar a vu le jour en 2007. Elle est composée d'une troupe féminine et d'une seconde masculine dont l'âge oscille entre 15 et 77 ans. Au cours de grands événements, les deux ensembles fusionnent. L'un des membres de cette formation, Boussaïd Larbi estime que ahellil n'est pas tellement apprécié au niveau de la capitale contrairement au Sud et à l'étranger. «Ahellil renferme toute une symbolique et un certain mysticisme. Notre objectif est de véhiculer cette musique ancestrale. Ses complaintes admirables expriment avec des accents émouvants plusieurs situations. Les chants d'ahellil sont aujourd'hui connus dans le monde mais dommage que certains des nôtres ne connaissent pas ce répertoire», confie-t-il. La troupe Izelouane est régulièrement sollicitée pour les grandes occasions, les fêtes religieuses, les ziriate et les mariages. Deux invitations leur ont été lancées pour se produire prochainement en Turquie et au Brésil.