Expression n L'ahellil consiste en des rythmes spécifiques, exécutés, généralement le soir, dans les lieux publics, lors de fêtes familiales ou de visites de mausolées de saints patrons de la région. Les participants à une rencontre sur le chant ahellil, organisée en marge du 4e festival culturel dédié à ce genre culturel qui se tient actuellement à Timimoun (Adrar), ont appelé à développer les recherches et études sur ce genre artistique, avec le concours de l'université et du mouvement associatif. Les propositions de baptiser certaines rues dans la région du Gourara du nom de chouyoukh (maîtres) de l'ahellil pour perpétuer leur mémoire et accorder davantage d'intérêt aux classes d'apprentissage de l'ahellil ont également été formulées lors de cette rencontre. Les participants ont aussi plaidé en faveur de la production de programmes radiophoniques et télévisuels pour promouvoir l'ahellil, classé patrimoine oral universel par l'Unesco en 2005, et à la tenue de rencontres-hommages aux chouyoukh de ce genre lyrique. Figurant parmi 43 genres artistiques d'expression orale répandus dans le Gourara, au nord de la wilaya d'Adrar, l'ahellil consiste en des rythmes spécifiques, exécutés, généralement le soir, dans les lieux publics, lors de fêtes familiales ou de visites de mausolées de saints patrons de la région. Ahellil – ahl el-lil – signifie gens de la nuit, parce que ce genre est généralement chanté la nuit. Certains lui trouvent un lien avec l'islam, faisant un parallèle entre ahellil et tahlil (louanges), au regard de la nature des textes chantés glorifiant Allah. Aujourd'hui chanté uniquement par les hommes, ce genre lyrique n'était pas, par le passé, leur apanage. Des femmes, localement connues sous le nom de «el goualat» (chanteuses), à l'exemple de la regrettée Dada Hasna, l'interprétaient autrefois. Concernant la disposition de la scène de chant et de danse de l'ahellil, des hommes se dressent et forme un cercle, au centre duquel «l'abechniou» (poète ou chanteur) se présente, accompagné de joueurs de tamdja (flûte) et du gallal (instrument à percussion traditionnel). Parmi les attraits qui font le charme de l'ahellil, la cohésion du cercle formé par ses exécutants. Les textes de l'ahellil abordent des thèmes tout aussi divers que la religion, le triomphe, l'amour et la fidélité, et célèbrent les épopées et gestes populaires de la région. S'exécutant en trois étapes, la danse de l'ahellil commence avec le jeu du flûtiste, en préparation de l'entrée du chanteur qui, d'une voix tonifiante, débute par les gammes les plus hautes accompagnées de battements des mains, sur des rythmes qui en régulent l'exécution. Cette gestuelle artistique se poursuivra tout en harmonie entre le chanteur et la chorale jusqu'à ce que l'interprète achève son chant, sous le rythme envoûtant de louanges au Créateur chantées par la chorale, tels Allah ya Allah et Ya moulana ya moulana.