L'Eglise Dove World Outreach Center invite à brûler publiquement le 11 septembre prochain des exemplaires du Saint Coran. Elle encourage d'autres centres religieux à en faire autant pour se souvenir des victimes des attentats et combattre ce qu'elle qualifie de «démon de l'Islam». Ce projet abject, lancé par une poignée d'évangélistes américains, suscite une polémique mondiale. Cette initiative nous rappelle le triste épisode des caricatures du Prophète Mohamed dont les troubles provoqués à travers le monde ont duré quatre années. Cette nouvelle vague anti-Islam risque d'aggraver la fracture séparant les musulmans des chrétiens. Cette initiative du pasteur de Floride, Jones Terry, intervient au moment où des mouvements radicaux aux Etats-Unis s'opposent farouchement au projet de construction d'une mosquée à quelques pâtés de maisons du Ground Zero, le site où se trouvaient les tours jumelles du World Trade Center détruites lors des attaques du 11 septembre 2001. Pour justifier son «projet» pour le moins attentatoire au monde musulman, le pasteur Terry Jones profère des contrevérités et fait des fausses interprétations du Saint Coran. Il livre ainsi dix raisons qui ont motivé son projet. Parmi elles, la loi islamique qu'il considère comme de nature totalitaire. «Il n'y a pas de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Elle est irrationnelle. Elle est censée être immuable. Elle doit être acceptée sans critique. Elle a de nombreuses similitudes avec le nazisme, le communisme et le fascisme. Elle n'est pas compatible avec la civilisation occidentale», a-t-il indiqué. Il ira encore plus loin dans son argumentation en remettant en cause l'authenticité et la sacralité du Coran : «Le Coran n'a pas une origine éternelle. Le Dieu Tout-Puissant, Créateur du monde, n'en n'est pas la source. Il n'est pas saint. Le Coran est d'origine humaine.» Il évoque également le fait qu'«un musulman n'a pas le droit de changer de religion. L'apostasie est punissable de mort». Comme il estime que l'enseignement islamique transmet une peur irrationnelle et un dégoût de l'Occident. Absurde, l'interprétation donnée par ce pasteur à l'Islam a provoqué une onde de choc et d'indignation à travers le monde. L'intention affichée du Dove World Outreach Center inquiète au premier lieu la Maison-Blanche et l'armée américaine engagée dans des pays musulmans comme l'Irak et l'Afghanistan. Craintes et mises en garde Le commandant des forces internationales en Afghanistan craint pour la vie des soldats américains et lance à cette petite église fondamentaliste de sévères mises en garde. «Si ce projet était mis à exécution, cela servirait la propagande des talibans en Afghanistan et renforcerait le sentiment antiaméricain dans le monde musulman», a averti le général David Petraeus qui commande la Force de l'Otan (Isaf) et les troupes américaines en Afghanistan. «Je suis très inquiet des répercussions possibles», a-t-il déclaré. «Cela pourrait mettre en danger à la fois les troupes et l'effort global en Afghanistan.» Et d'ajouter : «C'est précisément le genre d'actions que les talibans utilisent et cela pourrait engendrer des problèmes significatifs.» Mais le pasteur de l'église, Terry Jones, n'est pas prêt à abandonner son funeste projet. Certes, il reconnaît que le fait de brûler le Coran serait un geste grave, mais il dit tout de même qu'il est «fermement résolu» à aller jusqu'au bout. C'est une véritable frénésie anti-musulmane que rien ne semble stopper. Même pas la Constitution américaine qui, au contraire, garantit le droit de le faire, de la même manière qu'il a permis au Ku Klux Klan de brûler des croix ou à des manifestants d'incendier le drapeau américain. Les discours jugés insultants par une partie de la population, même majoritaire, ne peuvent être réprimés par le gouvernement s'ils ne représentent pas une incitation directe à la violence ou une intimidation.