Le Conseil de sécurité des Nations unies a rouvert le dossier du Sahara-Occidental comme il le fait de manière régulière depuis 1991 qui marque l'entrée en vigueur de la résolution 690 portant plan de paix. Depuis cette date, seul le cessez-le-feu a été appliqué, ce qui n'est pas le cas des autres clauses de ce plan en raison du blocage marocain, malgré l'unanimité à rendre justice au peuple sahraoui par l'application de son droit à l'autodétermination. Comme cela se fait aussi régulièrement, le Conseil de sécurité devrait proroger le mandat de la Mission des Nations unies chargée de l'organisation du référendum au Sahara-Occidental (Minurso) qui expire fin octobre, pour une nouvelle période de six mois. Ce qui signifie la reconduction du statu quo actuel marqué par la persistance de l'occupation marocaine. Cette nouvelle rencontre avait été précédée, relève-t-on, par la désignation d'un nouveau représentant personnel du secrétaire général de l'ONU en remplacement de James Baker qui avait démissionné de son poste en juin 2004 en signe de protestation contre les blocages marocains, et aussi pour signifier sa colère contre l'instance internationale qui refuse d'assumer ses responsabilités. C'est en ce sens que s'inscrit l'intervention du représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU qui a souligné que le Conseil de sécurité, « doit réitérer son appui au plan Baker et appeler directement le Maroc à l'accepter et à le mettre en œuvre (...) de manière claire et non ambiguë ». Intervenant lors des consultations qui ont suivi la présentation du nouveau rapport de Kofi Annan, M. Baâli a relevé que « le conseil de sécurité ne peut continuer à se montrer complaisant à l'égard du Maroc, sauf à vouloir consacrer l'injustice ». Dans ce contexte, il a souligné que « si le Maroc a pu et peut se permettre une telle attitude (...) c'est parce qu'il bénéficie à l'intérieur du Conseil de sécurité d'un appui inconditionnel qui empêche toute action coercitive, voire toute pression ». « Et c'est parce le Conseil de sécurité n'était pas en mesure d'assumer ses responsabilités, alors que lui avait pleinement assumé les siennes, que M. Baker n'eut d'autre choix que de partir », a-t-il rappelé. « Aujourd'hui, nous nous retrouvons de nouveau dans l'impasse. Nous avons un nouvel envoyé personnel qui s'est rendu dans la région et qui reviendra nous dire que le Front Polisario est prêt à jouer le jeu, à signer le plan de paix et à le mettre en œuvre, tandis que l'autre partie n'est disposée qu'à envisager un statut d'autonomie pour le Sahara-Occidental.. Que va faire le Conseil de sécurité ? », s'est-il interrogé. Le diplomate algérien a, par ailleurs, appelé le Conseil de sécurité à « envoyer un message ferme au Maroc qu'il ne peut continuer à verrouiller le territoire aux ONG et aux médias internationaux et à violer les droits les plus élémentaires des citoyens sahraouis ». « Il est regrettable que le bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme, si prompt à réagir aux moindres violations des droits de l'homme dans tel ou tel pays, soit resté silencieux sur le drame vécu au cours des derniers mois par les Sahraouis dans le territoire malgré la mobilisation des ONG, comme Amnesty International » a déploré M. Baâli. Il a rappelé dans ce contexte que l'ONU a une « responsabilité politique et légale à assumer à l'égard des populations des territoires non autonomes ». « Et quand le bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme décide de s'intéresser à la situation qui prévaut au Sahara- Occidental, il choisit, pour ne pas déplaire au Maroc, de vérifier également les allégations du Maroc concernant la situation de ‘‘ses concitoyens séquestrés'', c'est-à-dire les réfugiés sahraouis, dans les camps des réfugiés de Tindouf », a-t-il ajouté. « C'est cette odieuse symétrie, a-t-il souligné, qui place sur un pied d'égalité l'agresseur et la victime qui fait tant de tort à cette organisation, qui compromet sa crédibilité et altère son image et son prestige. » C'est le défi auquel l'ONU est confrontée depuis des années à vrai dire et qu'elle tente d'évacuer par le maintien du statu quo. En février 2004, le secrétaire général de l'ONU avait lui-même situé les blocages et identifié la seule partie - le Maroc - qui en est la cause. Mais depuis cette date, plus rien, sauf la désignation d'un successeur à James Baker, un geste important et salué à sa juste mesure.