Le Conseil de sécurité de l'ONU confirme le processus de paix engagé sur la base des précédentes résolutions. Très attendu, le verdict du Conseil de sécurité de l'ONU sur le dossier sahraoui, notamment après le rapport pessimiste et orienté du secrétaire général de l'ONU, qui a fait sienne une «realpolitik» qui n'avait pas lieu d'être au sein d'une instance aussi prestigieuse que l'ONU qui n'avait qu'à dire le droit et seulement le droit selon la légalité internationale actuellement en vigueur- est tombé vendredi soir. Dans la résolution (1675) rendue publique vendredi soir, le Conseil de sécurité a, entre autres, réaffirmé la validité des précédentes résolutions sur la question sahraouie. En effet, le Conseil de sécurité avait adopté, depuis 1965, plusieurs résolutions sur la question du Sahara occidental, affirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à disposer de lui-même, à travers un référendum d´autodétermination. Les deux parties au conflit citées par la résolution onusienne - identifiées comme telles - le Maroc et le Front Polisario ont d'ailleurs négocié directement à plusieurs reprises sous la supervision de l'ONU. Ces négociations ont notamment abouti, en août 1988, à l´acceptation, par les deux parties, du Plan de règlement des Nations unies, que le Conseil de sécurité a entériné dans ses résolutions 658 de juin 1990 et 690 d´avril 1991 - à la suite de cette dernière (résolution) a d'ailleurs été instauré le cessez-le-feu entre les deux belligérants- comme le fut l'an dernier la résolution 1495 portant approbation du Plan Baker lequel planifie le processus devant aboutir à l'organisation d'un référendum pour le peuple sahraoui. Dès lors, le Conseil de sécurité des Nations unies a réaffirmé son «engagement» à soutenir les parties en conflit (Maroc et Front Polisario) pour parvenir à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» devant conduire à l´ «autodétermination du peuple du Sahara occidental». L'«Autodétermination» du peuple sahraoui est le mot clé dans un dossier qui a beaucoup souffert des manoeuvres du Maroc qui a toujours refusé au peuple du Sahara occidental ce droit imprescriptible inscrit dans la Charte des Nations et auquel sont soumis les peuples encore sous domination coloniale. Le Conseil de sécurité, se basant sur le dernier rapport de Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, déposé au Conseil de sécurité le 19 avril courant, a insisté sur la nécessité d´un «respect absolu des accords militaires auxquels est parvenue la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso) et en rapport avec le cessez-le-feu». Tout en décidant de proroger le mandat de la Minurso jusqu'au 31 octobre prochain, le Conseil de sécurité a également appelé les Etats de la région «à coopérer pleinement» avec les Nations unies pour «dépasser l´impasse actuelle» et faire «avancer des progrès pour une solution politique», en tenant compte du cessez-le-feu. Dans sa résolution, le Conseil de sécurité ne fait pas mention des «recommandations» du secrétaire général de l'ONU, se bornant de dire avoir «examiné le rapport (de M.Annan)» n'en retenant que la proposition de prolongation de six mois du mandat de la Minurso. Ce qui en fait équivaut à un rejet du rapport du secrétaire général de l'ONU. Un échec cuisant pour M.Annan qui s'est essayé à la “realpolitik” alors qu'il lui est simplement demandé d'appliquer la légalité internationale telle que mentionnée par la Charte de l‘ONU. Dans une première réaction, Alger a exprimé vendredi sa «satisfaction» après l´adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d´une nouvelle résolution sur le Sahara occidental, affirmant qu´«elle s´inscrit en droite ligne des positions antérieures» de l´ONU. Cette résolution souligne le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères «s´inscrit en droite ligne des positions antérieures des Nations unies qui établissent la nature de ce conflit en tant que question de décolonisation consacrant le droit imprescriptible du peuple du Sahara occidental à l´autodétermination et énoncent les conditions incontournables de la solution juste et définitive de ce conflit». Par ailleurs, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indique que «le Conseil de sécurité a marqué son attachement à la légalité internationale, tout en réaffirmant sa responsabilité à l´égard du peuple et du Sahara occidental conformément à la Charte et aux résolutions des Nations unies» et le communiqué de conclure «à cet égard, l´Algérie exhorte les deux parties au conflit à accepter et à mettre en oeuvre le Plan Baker qui offre le cadre idoine pour le règlement juste et définitif qu´elle appelle de tous ses voeux». De son côté, M'Hamed Khadad, représentant du Front Polisario et coordinateur du suivi avec la Minurso, a indiqué que cette résolution «représente une fin de non-recevoir opposée par le Conseil de sécurité à l´approche présentée dans le dernier rapport du secrétaire général qui voulait, en violation du droit international, dévier le processus de décolonisation du Sahara occidental de son cours normal et, au nom d´une certaine “realpolitik”, passer outre la volonté du peuple sahraoui et favoriser le fait accompli marocain». Pour sa part, dans un communiqué rendu public, hier, par le ministère marocain des Affaires étrangères «Le royaume du Maroc se félicite de l´adoption de la résolution 1675 (...) et souscrit pleinement à cette voie définitivement tracée par le Conseil de sécurité pour dépasser le statu quo actuel». Faisant une lecture biaisée de la résolution du Conseil de sécurité, le communiqué de la diplomatie marocaine indique, par ailleurs que le Maroc «poursuivra un processus de consultations internes» pour la «finalisation d´une proposition d´autonomie (au Sahara occidental) dans le cadre de la souveraineté nationale et l´intégrité territoriale du royaume». Rabat prend ainsi ses désirs pour des réalités alors que nulle part n'est mentionnée, dans la résolution 1675 du Conseil de sécurité, l'obscure proposition «d'autonomie» nouveau dada du palais royal marocain.