Le Monde a annoncé, hier, qu'il allait porter plainte contre X pour violation du secret des sources, accusant l'Elysée d'avoir eu recours, en juillet, à des procédés illégaux pour identifier l'auteur des fuites vers la presse dans l'affaire Woerth-Bettencourt. La présidence de la République dément. Paris (France) De notre correspondant En gros, gras et à la une, le quotidien du soir accuse. Le titre est affirmatif : «Affaire Woerth : l'Elysée a violé la loi sur le secret des sources de journalistes.» Le Monde écrit que les services du contre-espionnage ont été utilisés pour rechercher l'informateur d'un de ses reporters qui enquête sur des soupçons de trafic d'influence à l'encontre du ministre du Travail, Eric Woerth, en raison de ses liens avec l'héritière de L'Oréal. «Afin d'identifier la source d'informations parues dans le Monde sur l'affaire Woerth-Bettencourt et de tenter de mettre un terme aux révélations sur cette enquête, l'Elysée a eu recours, courant juillet, à des procédés qui enfreignent directement la loi sur la protection du secret des sources des journalistes. En conséquence, le Monde a décidé de déposer une plainte contre X pour violation du secret des sources», avertit Sylvie Kauffman, directrice de la rédaction. L'éditorial évoque l'existence d'un cabinet noir. «La chronique du dossier Woerth-Bettencourt s'enrichit, avec cette intervention de la DCR (services d'espionnage, ndlr), dont le pouvoir use comme d'un cabinet noir, d'une nouvelle irrégularité.(…) S'affranchir ainsi des règles de la simple justice est la solution qu'a imaginée l'Elysée pour circonscrire l'incendie. Comme le feu, chaque jour ou presque, repart de plus belle, il est commode d'accuser les journalistes d'être les incendiaires. Et d'essayer de les faire taire.» L'affaire prenant vite de l'ampleur, l'Elysée a réagi très vite en affirmant qu'elle n'avait «jamais donné la moindre instruction» en ce sens. Dans une déclaration, l'Elysée «dément totalement les accusations de le Monde» et ajoute n'avoir «jamais donné la moindre instruction à quelque service que ce soit». Le ministère de l'Intérieur, tutelle de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), n'a fait aucun commentaire. Le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, a reconnu sur nouvelobs.com que son service avait apporté un «éclairage». Interrogé sur Europe 1 dimanche, Eric Woerth a dit n'être au courant de rien. Tout laisse croire que le Monde détient des preuves pour étayer ses accusations, comme si «les plombiers» avaient laissé derrière eux des indices. L'opposition s'est saisie de l'affaire et demande des comptes au gouvernement. «Si le Monde va aussi loin c'est qu'il a des éléments pour y aller, ce n'est pas un journal révolutionnaire ni anti-sarkozyste», affirme le député Vert Noël Mamère. Le Parti socialiste parle d'un nouveau scandale digne du Watergate, que l'on pourrait surnommer le «Woerthgate», allusion à l'affaire qui fit chuter le président américain Richard Nixon en 1974.