La mort de Jacques Panijel, le 12 septembre à presque 90 ans, est passée inaperçue. Lyon De notre correspondant Né le 22 septembre 1921, d'origine roumaine, résistant à 20 ans et éternel défenseur des migrants persécutés, il avait voué une partie de sa vie à la cause algérienne. Il fut l'un des inspirateurs et des signataires en août 1960 du manifeste dit des 121. Il s'agissait d'une «Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie» dont les derniers termes justifiaient et défendaient «la cause du peuple algérien (...) cause de tous les hommes libres». Il participa aussi avec Pierre Vidal-Naquet notamment à la création du Comité Audin, pour connaître la vérité sur la disparition du mathématicien communiste et militant algérien Maurice Audin. Si le comité avait été surtout le fait de communistes, Panijel ne l'était pas. Sur France Culture dans l'émission La fabrique de l'histoire, il disait en février 2007 : «Ce qui nous a commandé, c'est qu'Audin devenait la figure, excusez-moi du terme, utilisable pour animer l'indignation des intellectuels et du public français». Par la suite, le nom de Panijel va être étroitement lié au militantisme pour la fin de la guerre d'Algérie.Ainsi, il tourna clandestinement d'octobre 961 à avril 1962, Octobre à Paris, un documentaire sur la manifestation des Algériens organisée à l'instigation du FLN le 17 octobre 1961, pour protester contre le couvre-feu imposé et contre la répression dont ils étaient victimes. Le film avait été interdit par les autorités françaises pendant des années. Le film ne recevra son visa d'exploitation qu'en 1973. Il a cependant été très peu vu, son auteur le refusant, surtout après des promesses vaines de diffusion par la télévision publique française. Dans l'Humanité (24 octobre 1961), Jacques Panijel disait : «La vie de ce film est vraiment une aventure qui me rend rétrospectivement très amer. Et, en même temps, très critique à l'égard de ceux qui se sont partagé le royaume de la culture française, le monde des livres et l'université. Sans doute ai-je fini chef du service de physiopathologie de l'immunité à l'Institut Pasteur. Mais je l'ai été malgré eux. Pour l'essentiel, Octobre à Paris a été mis sous le boisseau. Aujourd'hui, rares sont ceux qui s'y réfèrent. Il contient pourtant beaucoup de témoignages sur le vif». Après la mort de son concepteur, ce film va-t-il enfin être diffusé ? Enfin, selon le journal Le Monde, qui publie une nécrologie de Jacques Panijel, il avait aussi publié un roman en 1948, La Rage, aux éditions de Minuit, sur ses années de résistance. Chercheur au CNRS et employé de l'Institut Pasteur, il avait cosigné en 1961 avec Jean-Paul Sassy, un film de fiction, La Peau et les Os, premier long métrage tourné en prison (l'histoire d'un détenu accusé à tort d'avoir tué sa compagne et que ses codétenus aident à prouver son innocence). Interprété par Gérard Blain, le film obtint le prix Jean-Vigo. Jacques Panijel était aussi auteur de théâtre - il écrivit notamment Les Albigeois.