A l'issue d'un conclave interwilayas tenu ce week-end à Azazga, la coordination des archs se dit prête à reprendre le dialogue avec le gouvernement. Dans un communiqué rendu public hier, le mouvement citoyen déclare que le « retour de la délégation obéit à l'impératif de confirmer les résultats acquis au cours du processus de dialogue à travers un document final qui traduirait pleinement l'accord global du 15 janvier 2005, engageant l'Etat à mettre en œuvre la plateforme d'El Kseur dans son intégralité ». Les délégués indiquent que la coordination de Béjaïa « n'a pas abouti à un consensus en son sein ». La position finale du conclave, qui a réuni sept coordinations, est donc accompagnée des réserves de la CICB à laquelle « un délai est accordé pour reprendre le débat en son sein et faire ressortir une position commune ». A noter que la coordination de Béjaïa était en faveur d'une déclaration interpellant le président de la République à propos de son opposition exprimée à Constantine au sujet de l'officialisation de tamazight, une demande d'explication présentée comme préalable à la reprise du dialogue. La coordination interwilayas a préféré maintenir le processus engagé avec les autorités afin de capitaliser les acquis et matérialiser dans un document final les engagements du gouvernement sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur. Les pourparlers avec le gouvernement ont butté jusqu'ici sur deux revendications, l'une portant sur l'allocation-chômage, l'autre sur l'officialisation de la langue tamazight. Les points considérés comme pris en charge par les pouvoirs publics sont le statut et l'indemnisation des victimes, le dossier ayant fait l'objet d'un décret présidentiel, le transfert des dossiers devant des juridictions civiles, ainsi que le plan de développement économique pour la région. Débats laborieux La délégation ayant participé au dialogue avec le gouvernement soutient qu'il y a plus à gagner en faveur du mouvement en maintenant le contact, qu'à le rompre suite à des déclarations présidentielles faites dans le feu de la dernière campagne électorale sur la charte pour la paix. « L'Etat, c'est celui qui se met autour de la table, non celui qui lance des déclarations à la tribune électorale », nous a déclaré un délégué lors du conclave de jeudi. Le peu de crédit accordé par les délégués aux accès de fièvre présidentielle est étayé par la décision de constitutionnaliser tamazight comme langue nationale en mars 2002, trois ans après la déclaration de M. Bouteflika à Tizi Ouzou, lors d'une autre campagne référendaire, déniant à tamazight le statut de langue nationale. Lors du dernier round du dialogue, le chef du gouvernement avait adhéré à un ensemble de mesures visant à promouvoir tamazight, dont la plus significative était la mise en place d'une académie amazighe. Il s'agit d'un véritable verrou psychologique qui a sauté dans l'esprit des pouvoirs publics, vu qu'ils ont passé des décennies à combattre tout projet de mettre en place une structure de ce genre. Le terme même d'académie a été diabolisé depuis l'initiative historique prise outre-mer par le défunt Mohand Arab Bessaoud. L'avis des spécialistes plaide en faveur de la création d'une instance dotée de moyens qui sera chargée de standardiser la langue amazighe, préalable à son entrée dans la vie publique et officielle. Si les débats dans les conclaves évoluent très laborieusement, il reste que nombre de délégués ont acquis une certaine maturité politique et un pragmatisme qui les rend capables de gérer dans le temps des dossiers délicats. Nous avons également constaté chez les délégués une pondération qui commence à faire défaut aux responsables politiques structurés, devenus étonnamment irascibles ces dernières semaines.