Il fut un temps où les deux premières semaines du Ramadhan étaient relativement calmes. Mais depuis quelques années, ce n'est plus le cas. Dès le premier jour du jeûne, les gens attaquent les soirées. C'est valable pour Ennasr II (quartier de la capitale) où les cafés ne cessent de se multiplier. Et ils sont tous archi-combles aussi bien en temps normal qu'à l'occasion du mois sacré. Il est presque 22h. C'est l'heure de pointe des sorties. La circulation est monstre à l'avenue Hedi Nouira. A cause de l'exiguïté des routes et faute de parkings, les voitures stationnées ralentissent le passage. Pour circuler, il fait avoir des nerfs d'acier afin de supporter les klaxons et l'attitude des chauffeurs dont la plupart ne sont dans leurs véhicules que pour frimer. Beaucoup de nouveaux cafés ont émergé. Sans doute, ils ont ouvert avec l'arrivée du mois saint, sachant que l'activité enregistre des pics chaque Ramadan. Preuve en est, ces gens ont compris le fonctionnement des clients et la plupart de ces cafés proposent les narguilés ou chichas. Celles-ci sont également un produit phare de ce mois. Garçons et filles se rabattent ces jours-ci sur le thé aux pignons et la chicha parfumée. Afin de contenir les dizaines de clients qui envahissent les salons de thé, les propriétaires ont trouvé des solutions occasionnelles. En plus de l'intérieur et des terrasses qui sont au complet, certains cafés ont gagné du terrain grâce à des extensions de fortune. Ils ont tout simplement installé les tables et les chaises devant des espaces encore fermés. Ce qui leur permet de recevoir plus de clients, car il y a toujours des veilleurs qui sont prêts à prendre un café même sur la chaussée. D'ailleurs, dans l'un de ces salons de thé, les gens sont presque assis dans la rue. En plus de l'intérieur du café et de la petite terrasse, on exploite le trottoir. Ce dernier est complet. Tout le monde se serre pour avoir le soupçon d'une place. L'essentiel c'est de s'installer. On a l'impression d'être devant des cages de zoo. Sans parler du « paysage » qu'ils admirent. Absolument rien à part la poussière insupportable, les chantiers lugubres et les files de voitures déprimantes. Pourtant, les filles rigolent comme si elles étaient sur les Champs-Elysées et les garçons continuent à faire les intéressants.