A Relizane, le mercredi 26 octobre, à 9h30, les éléments de la police sont intervenus de « manière musclée » pour disperser des manifestants, des proches de disparus, et interpeller une quinzaine d'entre eux, dont dix femmes âgées, selon un communiqué signé par le Collectif des familles en Algérie (CFDA) et SOS Disparu(e)s. « Armés de matraques, les policiers ont battu ces mères et membres de familles de disparus avant de les embarquer », précise le communiqué. Parmi ces personnes, les deux ONG dénombrent deux blessés : Fatima Ali, âgée de 65 ans, mère et épouse de disparus, et Mehdi Boubkeur, âgé de 72 ans, père de disparu. La première dispose d'un certificat médical d'incapacité de 5 jours alors que le second présente des blessures apparentes aux genoux et au bras gauche. Emmenés au commissariat central avec une douzaine de parents de disparus, ils ont subi une garde à vue de plus de deux heures avant d'être relâchés. « Le premier responsable de la police, Beskri Wahab, a alors déclaré que les manifestations des familles de disparus ne seraient plus tolérées à l'avenir et que les manifestants seraient dorénavant présentés devant la justice conformément aux instructions du wali, M. Boukarabila », indiquent les deux ONG, opposées aux dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation qui ne respecteraient pas, à leurs yeux, les impératifs de vérité et de justice. Le CFDA et SOS Disparu(e)s réaffirment « leur soutien à ces familles et les encouragent malgré ces menaces à se réunir mercredi prochain comme d'autres proches de disparu(e)s le feront à Alger, Constantine, et Oran », revendiquant ainsi « leur droit légitime de se réunir pacifiquement ». Les deux ONG exigent également que « ces menaces cessent définitivement et demandent aux autorités gouvernementales qu'elles se conforment aux dispositions de la déclaration universelle des droits de l'homme ainsi qu'aux instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l'homme et ratifiés par l'Algérie ». L'attitude des pouvoirs publics était quasiment prévisible suite aux menaces proférées par des officiels concernant la charte, approuvée par référendum le 29 septembre dernier, dans un climat d'unanimisme forcé. « Des mesures seront prises contre ceux qui rejettent la réconciliation », avait prévenu Bouguerra Soltani, ministre d'Etat et président du MSP, à partir de Tlemcen, le 30 août dernier. Le 14 août, lors de son discours devant les cadres de la nation, le président Bouteflika avait condamné a priori ses contradicteurs : « Des voix connues ne manqueront pas de s'élever pour tenter de s'opposer à cette attente populaire légitime (...). Ces voix seront sans aucun doute les mêmes que celles qui, à l'intérieur et à l'extérieur, ont assisté, hier, silencieuses aux horribles tueries qui nous ont frappés dans notre chair et dans notre âme. » « Le Président devrait encourager la discussion en s'abstenant de toute nouvelle attaque verbale à l'encontre de ceux qui remettraient en question son projet de charte. Il devrait faire en sorte qu'un référendum n'ait lieu que lorsque les Algériens auront eu l'opportunité de participer à un débat en toute connaissance de cause », avait préconisé l'ONG américaine Human Rights Watch dans son analyse de la charte.