Quatre mois après une défaite électorale cuisante, le parti travailliste britannique dans l'opposition élit son nouveau leader à Manchester à l'issue d'un duel extrêmement serré entre les deux favoris, les frères David et Ed Milliband. David, 45 ans, ancien ministre des Affaires étrangères, est l'héritier du New Labour de Tony Blair, tandis que son frère cadet Ed, 40 ans, ancienne "plume" de Gordon Brown et ex-ministre de l'Energie, est à la fois plus novice et plus à gauche. Les trois autres candidats, Ed Balls, l'ex-ministre des Ecoles, proche de Gordon Brown, la députée Diane Abbott et l'ex-ministre de la Santé Andy Burnham, n'ont guère de chance de l'emporter, selon les sondages. Battu après 13 ans au pouvoir lors des élections de mai dernier, le Labour est déchiré sur la stratégie à arrêter pour reconquérir le pouvoir désormais occupé par la coalition conservateurs/Libéraux-démocrates. Les cinq prétendants devaient être isolés dans une pièce pendant le dépouillement final avant l'annonce du résultat, à la veille de l'ouverture du congrès annuel du Labour réuni à Manchester. L'élection du dirigeant des travaillistes ressort d'un système complexe, avec trois collèges électoraux disposant chacun d'un tiers des voix - les 160 000 membres du parti, les députés de la chambre des Communes et du Parlement européen, et les membres des syndicats et organisations affiliées. "Quel que soit le leader, il devra presque certainement ramener le parti vers le centre de l'échiquier politique", a observé Tony Travers, expert politique de la London School of Economics. Pour le politologue, "la Grande-Bretagne est une démocratie centriste". Et "le Labour ne gagnera pas s'il ne se place pas clairement au milieu de l'échiquier politique". Selon un sondage YouGov publié mercredi, le Labour est remonté à 39% des intentions de vote, parvenant à se hisser au niveau des Conservateurs pour la première fois depuis trois ans, alors que l'opinion s'inquiète de l'ampleur des coupes budgétaires prévues par le gouvernement de coalition.