Deux gigantesques plans d'investissements sur dix ans, plus de 200 milliards de dollars engrangés, aucun bilan exhaustif établi et voilà qu'un troisième programme de développement est mis en route pour les cinq prochaines années pour une enveloppe financière encore plus conséquente. Mais si les deux premiers plans ont pu bénéficier d'une conjoncture pétrolière exceptionnelle ayant conduit les cours du pétrole à des sommets de plus de 135 dollars le baril, engendrant des recettes tout aussi exceptionnelles pour l'Algérie, le nouveau programme risque, quant à lui, de poser quelques problèmes à moyen terme. Car à court terme, aussi bien les décideurs que les experts s'accordent à dire qu'il ne risque pas d'y avoir de soucis de disponibilité financière. Avec plus de 4 000 milliards de dinars dans le fonds de régulation des recettes (FRR), 147 milliards de dollars de réserves de changes et pas d'endettement extérieur, le pays a effectivement de quoi voir venir, reste à savoir pour combien de temps encore. Deux gigantesques plans d'investissement sur dix ans, plus de 200 milliards de dollars engrangés, aucun bilan exhaustif établi et voilà qu'un troisième programme de développement est mis en route pour les cinq prochaines années pour une enveloppe financière encore plus conséquente.Mais si les deux premiers plans ont pu bénéficier d'une conjoncture pétrolière exceptionnelle ayant conduit les cours du pétrole à des sommets de plus de 135 dollars le baril, engendrant des recettes tout aussi exceptionnelles pour l'Algérie, le nouveau programme risque quant à lui de poser quelques problèmes à moyen terme. Car à court terme, aussi bien les décideurs que les experts s'accordent à dire qu'il ne risque pas d'y avoir de souci de disponibilité financière. Avec plus de 4000 milliards de dinars dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), 147 milliards de dollars de réserves de change et pas d'endettement extérieur, le pays a effectivement de quoi voir venir, reste à savoir pour combien de temps encore. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a déjà assuré que les moyens pour financer ce plan existent même avec un baril à 10 dollars. Un avis que ne partage pas forcément les experts. Pour Mohamed Bahloul, «si les prix du pétrole restent à plus de 80 dollars, ça sera suffisant pour financer» le nouveau plan quinquennal. Pour d'autres économistes «les prévisions des prix du pétrole sur les cinq prochaines années sont au tour de 80 dollars, donc le financement du plan est réalisable d'autant qu'une partie du plan, soit 130 milliards de dollars concernent l'achèvement d'anciens projets pour lesquels les fonds sont censés être déjà trouvés». Ce qui n'est pas forcément évident puisque le plan 2004-2009, qui devait s'établir à 180 milliards de dollars, a fini à plus de 200 milliards de dollars et personne ne sait si cette enveloppe a été complètement consommée ou pas. L'économiste Abderrahmane Mebtoul estime à son tour qu'«il n'y aura pas de souci de financement à court terme, pendant 2 ou 3 ans, parce qu'il y a les réserves de change, cependant, le gaz risque de poser problème. Ses exportations représentent 40% des recettes hydrocarbures, mais son prix est à 4 dollars par million de BTU. Les contrats à moyen terme arriveront à expiration en 2012 et certains clients de l'Algérie comme l'Espagne menacent déjà d'allez acheter leur gaz ailleurs sur le marché». Menace sur le FRR Si les anciens programmes quinquennaux n'ont pas connu de souci parce que les indicateurs économiques et financiers étaient au rouge, le nouveau plan devra s'accommoder d'une nouvelle donne, celle du retour depuis 2009 au déficit budgétaire. Les dépenses publiques ayant atteint une proportion telle qu'il s'agit désormais de recourir aux ressources du FRR pour combler le déficit. Pour l'exercice 2010, le déficit cumule à plus de 3600 milliards de dinars de quoi faire réagir même le président de la République lors du Conseil des ministres du 25 août dernier. Le Chef de l'Etat a relevé que le déficit «demeure encore gérable grâce aux ressources du FRR», mais a averti que «le budget de fonctionnement, qui aura à faire face l'année prochaine à une dépense encore lourde liée au nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires ne devra connaître aucune autre augmentation». Il y a quelques jours, M. Djoudi contredisait pourtant le président en affirmant que «théoriquement, nous devrions terminer l'année 2010 sans avoir à utiliser le FRR», précisant que le déficit sera couvert sur la base uniquement des financements qui sont disponibles dans les circuits du Trésor et par l'utilisation du différentiel entre le prix du baril de pétrole inscrit dans la loi de finances et celui établi sur le marché durant l'année 2010. Mais c'est justement ce différentiel qui doit alimenter le FRR en temps normal. Du coup, comme le souligne un économiste «on ne piochera pas dans le FRR mais on y mettra rien non plus. Il restera consistant mais n'augmentera». D'ailleurs, pour tout le premier semestre 2010, le FRR n'a pas été alimenté une seule fois. «Avec le déficit, si on continue à puiser dans le FRR, dans 3 ou 4 ans, il n'y en aura plus de fonds», soutient-on. Les réserves de change, en cas d'urgence Pour certains experts, la dépense publique est toujours «importante, mais c'est un investissement non productif qui prépare la future croissance, mais qui ne crée pas de richesse». Il aurait été plus judicieux d'utiliser les ressources cumulées pour réhabiliter et consolider les entreprises privées et publiques existantes, aider à la création de nouvelles, développer les services, etc. Si on était «sérieux, on ferait balancer notre économie vers une économie émergente, car nous avons une fenêtre d'opportunité que nous n'avons jamais eu depuis 1962 sans dette extérieure et un baril à 80 dollars», commente un économiste. Peut-on financer un plan de 286 milliards de dollars avec un déficit budgétaire chronique. Certains économistes n'y voient pas d'objection du moment qu'il y a les réserves de change. D'ailleurs, le ministre des Finances a bien indiqué que ces ressources «sont utilisées pour les gros programmes d'investissements publics (précédents 2001-2004 et 2005-2009) et en cours (2010-2014)». De plus, selon le cabinet américain de consulting et d'évaluation des risques en matière d'investissements IHS Global Insight, les réserves de change (hors-or) de l'Algérie devraient encore augmenter pour s'établir à 168,1 milliards de dollars en 2010 et à 190,8 milliards de dollars en 2013. Par ailleurs, et même si la rentabilité est faible, le placement de ces réserves offre l'avantage de la liquidité, autrement dit, la Banque d'Algérie pourra les récupérer pour des besoins urgents, le cas échéant. Si les finances ne constituent pas un souci majeur pour le moment, les économistes se demandent en revanche si investir «70% des ressources dans les infrastructures prépare l'après-pétrole et si nous n'allons pas encore tomber dans les mêmes problèmes de surcoût et de réévaluations des projets». Ce n'est pas parce qu'on a de l'argent qu'on doit le jeter par la fenêtre. «On doit faire attention au gaspillage, au management des projets, à la gestion des finances, à la corruption», estime un économiste. Le Chef de l'Etat a donné des directives pour «prohiber toute réévaluation», et charger le ministère des Finances de ne procéder à l'inscription des projets qu'une fois leurs études achevées et validées, et l'assiette foncière nécessaire dégagée.