Le plan quinquennal an noncé hier a de quoi susci ter des espoirs, mais aussi des convoitises. Sous d'autres cieux, mettre 286 milliards de dollars sur la table, a de quoi donner le tournis. En Algérie, une telle cagnotte a de quoi faire tourner les salives. Les scandales financiers qui ont secoué le pays ces derniers mois, y sont pour beaucoup dans le scepticisme ambiant sur la véritable destinée de cet argent public. Hier, devant les sénateurs, le 1er argentier du pays a rassuré en déclarant que le Gouvernement, à travers son département, œuvrera à «améliorer la maturation des études de projets d'investissements publics afin d'en éviter les surcoûts» et que veillerait à améliorer les études de maturation des projets et à assurer un «meilleur suivi des projets d'investissements publics». Belle leçon de gouvernance. Pourtant une question s'impose. A-t-on établi un bilan exhaustif des différents plans quinquennaux de ces dix dernières années ? Que nenni ! Un simple rappel des sommes englouties renseigne sur la justesse de la démarche. Jugez-en : le 1er plan, s'étalant de 1999 à 2004, 150 Milliards de dollars injectés. Le second qui s'est étalé de 2005 à 2009, 2oo milliards de dollars «absorbés». A cela s'ajoute les 286 milliards de dollars sur les cinq prochaines années dont 130 milliards pour «parachever des grands projets déjà entamés». Résultat des courses : 636 milliards de dollars. Du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale. Si Georges Marshall serait encore de ce monde, il en pâlirait. Jugez-en, l'effort d'investissement actuel représente le quadruple du montant affecté au plan Marshall (15 milliards de dollars en 1948, soit 100 milliards de dollars actuels). À cette nuance près que le plan Marshall, destiné à la reconstruction de «seize pays» européens après la Seconde Guerre mondiale, s'étalait sur quatre ans, alors que les investissements engagés par Abdelaziz Bouteflika ne concernent qu'un seul pays, sur une période de quinze ans…