La proposition de Nicolas Sarkozy d'octroyer le droit de vote aux étrangers non communautaires aux élections locales a provoqué des réactions de réprobation à droite, jusqu'au sommet de l'Etat, tandis que la gauche rappelle l'existence d'une proposition de loi. Jacques Chirac estime que « dans la conception française et républicaine du suffrage, le droit de vote est lié à la citoyenneté. Nous avons une politique d'intégration qui refuse le communautarisme, c'est comme ça ». Pour le président Chirac, il existe un droit à la naturalisation pour les étrangers qui veulent devenir Français et c'est à cette seule condition qu'ils peuvent prétendre voter. « Ce sont des principes républicains sur lesquels il n'est pas question de transiger », a-t-il conclu. Même ton du Premier ministre qui, dans un entretien au Parisien, déclare que « c'est la nationalité qui donne le droit de s'exprimer sur les grandes orientations politiques locales ou nationales ». « Cette nationalité, tout étranger qui habite sur notre territoire depuis plus de cinq ans, peut librement la demander : c'est un choix important qui marque la volonté d'appartenir à la communauté nationale », ajoute Dominique de Villepin. Bernard Accoyer, chef du groupe des députés UMP, a indiqué que la position du ministre de l'Intérieur « n'est pas majoritaire » au sein de son groupe à l'Assemblée. Les élus PS rappellent que, voté par l'Assemblée sous le gouvernement Jospin, le texte du député Vert Noël Mamère n'avait jamais été présenté au Sénat. Depuis 1981, c'est-à-dire les 110 propositions du candidat François Mitterrand, la gauche tente régulièrement d'accorder ses promesses avec les faits. « Quand le président Mitterrand avait fait cette proposition, la droite nous avait alors accusés de vouloir faire monter le Front national », a expliqué sur Europe 1 le porte-parole du PS, Julien Dray. D'autres élus socialistes rappellent enfin qu'une dernière proposition de loi PS accordant le droit de vote aux étrangers a été rejetée par l'actuelle Assemblée en novembre 2002. L'Assemblée avait adopté, le 3 mai 2000, une proposition de loi constitutionnelle déposée par Noël Mamère et donnant le droit de vote pour les municipales aux résidents étrangers vivant en France depuis au moins cinq ans. Celle-ci n'avait jamais été inscrite à l'ordre du jour du Sénat. Le secrétaire national socialiste Malek Boutih estime que « Sarkozy a tous les leviers en main pour déposer et faire voter, dès maintenant (sans attendre 2007, ndlr), un projet de loi qui accorde, pour les élections municipales, le droit de vote aux étrangers. » Le délégué national du PS estime que le président de l'UMP « emprunte des concepts ailleurs puis les détourne à son profit. C'est déjà le cas avec la discrimination positive et les quotas. Cela peut l'être avec le vote des étrangers. Mais son bilan ne trompe personne. Il se limite à des mots pas à des actes ».