Un drame se joue dans les Aurès à huis clos : 68 personnes, des jeunes, sont décédées, emportées par la silicose. Une maladie professionnelle, mystérieuse et incurable, affirment des médecins. Hier encore, la ville de T'kout, particulièrement martyrisée par ce fléau, a enterré Sellami Noureddine Benahmed, un autre tailleur de pierre. La victime, célibataire, âgée de 36 ans et originaire du village mitoyen de Chenaoura, respirait artificiellement depuis deux ans. Avant lui, Karim Boukricha, 27 ans, originaire d'Inoughissen, près de T'kout, atteint de silicose, est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l'hôpital d'Arris (60 km au sud de Batna). La région est plongée dans un deuil permanent. Les processions macabres sont un spectacle familier pour les habitants. Y a-t-il encore une famille qui n'ait pas perdu un père ou un fils ? Dans cette bourgade où les horizons professionnels sont cadenassés, l'emploi continue à se résumer à la taille de pierre, un métier exercé de père en fils.