Ils viennent pratiquement de toutes les régions du pays pour pratiquer cette activité “lucrative”, la quête de l'argent facile, dont des femmes divorcées et des veuves, n'ont que cette extrême alternative pour subvenir à leurs besoins. Les rues et ruelles du centre-ville, les quartiers de Sidi Abbaz, la place du marché et surtout les alentours de la gare terrestre (SNTV), restent les endroits privilégiés de ces enfants, le plus souvent surveillés de loin par des adultes. Ils viennent quotidiennement, dès les premières lueurs du matin, prendre place aux endroits les plus stratégiques et entamer la journée. Pour apprivoiser le donateur, le bébé reste le plus convaincant. De tous âges et des deux sexes, ils s'éparpillent dans tous les coins, ruelles et dédales. Ils ne ratent ni boulangeries, ni cafés, ni épiceries. Le vendredi, ce sont les mosquées qui voient s'agglutiner à leurs portes des nuées de gueux aux supplications à faire rompre les plus endurcis. En effet, à chacun son refrain, sa litanie bien huilée, ou sa technique d'approche et de harcèlement pour gruger la bonne foi des passants. Dérangés par la prolifération de ces mendiants envahissants, beaucoup de citoyens évitent les trottoirs et s'engagent sur le bitume au risque de se faire heurter par les véhicules. Ils viennent pratiquement de toutes les régions du pays. Cependant, si nombre de ces mendiants pratiquent cette activité “lucrative” et la quête de l'argent facile, par vice et fainéantise, beaucoup de ces laissés-pour-compte, dont et surtout des femmes, parmi lesquelles on dénombre beaucoup de divorcées et de veuves, n'ont que cette extrême alternative pour subvenir à leurs besoins dans une société de plus en plus égoïste. Il est connu que la mendicité est dans la plupart des cas liée à l'indigence, sans cesse croissante parmi les couches défavorisées de notre société. Les profondes mutations économiques ravageuses qui ont provoquées la fermeture de centaines d'entreprise, conjuguées à l'insécurité des années 1990, ont jeté en pâture à la misère des milliers de citoyens et élargi le champ de pauvreté. Un vieux commerçant nous résume l'évolution de ce fléau ainsi : “Il y deux catégories de mendiants. Ceux dont la vie n'a pas été tendre, conséquemment à la crise économique et à la dislocation du tissu social, et doivent de ce fait être protégés par les pouvoirs publics qui ont le devoir et l'obligation de sauver, au moins, leur progéniture par d'abord leur scolarisation. Il y a, les seconds, ceux qui en font un métier, car n'oubliez pas que c'est quand même, quelque part, un métier qui rapporte gros et qui est exonéré de tout impôt.” Avant de lâcher, interrogatif : “C'est quand même curieux et inquiétant en même temps, que plus les caisses de l'Etat se remplissent, plus les trottoirs sont envahis par ces oubliés de la manne pétrolière.” L. KACHEMAD