Pour revenir au « K » de Dimo Buzzatti, j'avoue que je n'ai pas compris, tout de suite, ce que G. G. Marquez a voulu dire par : « Dans ce cas, vous êtes aussi beaux que Le « K » de Buzzatti ! » Quel est le rapport entre les Algériens qui paient les droits de traduction et cette belle nouvelle du grand écrivain italien ? Certes j'avais lu depuis trois ou quatre ans la traduction française (1) du livre de Buzzatti intitulé Le K, mais j'ai beau fouillé dans ma mémoire. Rien. Il m'a fallu relire cinq fois la nouvelle fantastique et philosophique de mon écrivain italien préféré pour comprendre l'expression de G. G. Marquez. Ainsi, ce dernier a voulu dire que les Algériens -qu'il connaît bien - ont été aussi beaux que l'espoir qui a guidé beaucoup de peuples du tiers-monde à se libérer du joug colonial ou dictatorial durant les années 1950 et 1960. Certes, la nouvelle de Dimo Buzzatti n'évoque pas les Algériens ou les problèmes des peuples du tiers-monde. Elle relate l'histoire d'un marin qui a attendu toute sa vie, sans perdre espoir, l'apparition d'une sirène pour maîtriser les mers. A la fin, la sirène n'était en fait qu'une lumière, un espoir (l'espoir fait vivre) qui l'a guidé à mener sa vie. G. G. Marquez, le grand écrivain, le lecteur large d'esprit et l'homme vertueux qui respecte « l'autre », tous « les autres » a aussi voulu rendre hommage à Dino Buzzatti. Il me dira plus tard (par téléphone) que mon analyse était juste et que la nouvelle du grand écrivain italien est un chef-d'œuvre sur les plans esthétique et philosophique. Quant à notre traduction du livre Une odeur de guyave, elle a été finalisée légalement avec l'agent littéraire (une femme extraordinaire et très cultivée) de G. G. Marquez (c'est lui qui a facilité nos contacts) installé à Barcelone. Le Nobel 1982 nous envoya beaucoup de photos, y compris celle de la DST (2) française d'octobre 1961 (3). 1 Dino Buzzati Le K, nouvelles (livre de poche-Hachette). 2 Direction de la sécurité du territoire. 3 Voir versions espagnole, française ou arabe du livre Une odeur de guyave, Entretiens G. Mendoza/G. G. Marquez.