Notre collègue Abdelwahab Boumaza a présenté, jeudi dernier à Skikda, son nouveau livre intitulé Au pied du mur, un recueil de nouvelles paru aux Editions Média-plus. Lors de la vente-dédicace organisée à cet effet au Théâtre régional de Skikda, l'auteur, qui a fort apprécié l'intérêt du public à la chose culturelle, s'est prêté volontiers à de longs échanges et autres débats. Des étudiants, des hommes de culture et des anonymes ont ainsi profité de cette opportunité pour évoquer avec l'auteur la situation culturelle ambiante. L'auteur s'étalera avec aisance sur sa passion de l'écriture de nouvelles et à en expliquer certains aspects qui sont multiples, de cet immense art, parlant bien entendu de Maupassant, de Tchekhov, de Garcia Marquez, de Boulanger et bien d'autres auteurs contemporains. Il a insisté sur la différence qui existe entre le conte, qu'il soit celui du terroir ou celui philosophique, la nouvelle et le récit ; selon lui, rejoignant beaucoup de critiques, il n'y a pas de définition de la nouvelle ; la définir, c'est réduire cet espace de création, de créativité, c'est la figer, voire la tuer. Pour revenir à l'œuvre, il suffit de lire la présentation pour deviner déjà la richesse aussi littéraire qu'humaine. «Ces textes courts sont autant de scènes de la vie courante, comme happées de la réalité le temps de les revivre, de les revisiter», lit-on dans la présentation de l'œuvre d'Abdelwahab Boumaza. Ces moments, qui sont en somme des scènes bien de chez-nous, l'auteur nous les fera vivre de nouvelle en nouvelle, en prenant le soin d'en extraire l'essentiel pour attiser nos sens, et surtout nos consciences. Il réussira ainsi à habiller de son verbe des scènes de la vie de tous les jours pour les rendre artistiquement lisibles. L'auteur met à nu ses personnages, qui sont ainsi «livrés en pâture, à leur insu, à cause ou par leurs attitudes mêmes, parfois grotesques, le plus souvent incompréhensibles», préférant plutôt titiller nos méninges en nous invitant, dans chaque nouvelle, à en faire nos propres lectures laissant ainsi ses chutes grandes ouvertes à toutes les imaginations, à plusieurs niveaux d'interprétation. Une véritable interactivité cérébrale. Le livre d'Abdelwahab Boumaza qui porte le titre de l'une des quinze nouvelles se termine par un conte mis en dialogue pour le théâtre, nakhla. C'est l'histoire d'une femme-courage, pouvant peut-être symboliser l'Algérie, en quête d'un homme, un vrai, mais qui fait face à de «prétendus hommes», car, comme le dit l'héroïne «… pour eux, toute femme est une catin, et toute catin n'est pas femme».Terrible ! Au pied du mur est le deuxième livre d'Abdelwahab Boumaza, après Had Ezzine et autres contes parus aux Editions Alpha en 2007.