Hier, à partir de 13h, la population du village algérien Akid Lotfi a été surprise par le vacarme assourdissant de milliers de Marocains brandissant des banderoles hostiles à l'Algérie et scandant à l'aide de mégaphones des slogans injurieux à l'encontre de l'Algérie. Une foule en transe s'était massée devant le poste-frontière de Zoudj B'ghal, à deux mètres du poste algérien, Akid Lotfi. Dans leur logique hostile, les manifestants, dont la tâche n'a nullement été gênée par le service d'ordre du royaume chérifien, pourtant en nombre, menaçaient nos policiers en faction sur le territoire algérien de pénétrer sur notre sol pour «libérer le détenu sahraoui emprisonné à Tindouf». Alertés, les services de sécurité de Maghnia se gardaient d'entrer dans le jeu de la provocation. Eloignés, ils suivaient la «pièce folklorique» sagement, mais veillaient au grain. En revanche, les citoyens du village algérien, désarçonnés par une telle attitude des habitants du Maroc oriental (Oujda, Ahfir, Taza, Nador…) ripostaient par des «Djazaïr Hourra démocratia, vive l'Algérie, vive Bouteflika». Arrivé sur place, le député Mohamed Benhamou s'est dit «ne pas être étonné par cette énième sortie des sujets marocains manipulés par le makhzen. Leur but est connu, c'est faire du forcing sur le gouvernement algérien pour rouvrir les frontières, fermées depuis 1994. Si le discours officiel prône la fraternité et le bon voisinage, dans la réalité, les autorités marocaines optent pour les situations conflictuelles». A 15 h, les manifestants, encouragés par l'hypocrisie des services marocains, qui faisaient semblant de les empêcher d'avancer (ce qui causerait un incident diplomatique grave), ont été rejoints par d'autres et persistaient à s'adonner à des provocations de plus en plus mesquines. Difficile pour nous de nous approcher du lieu des manifestations. Même à 50 mètres de là, on nous a empêchés de prendre des photos ou de recueillir des déclarations de nos responsables. «Que voulez-vous qu'on vous dise, c'est du cinéma, du mauvais cinéma !» ont-ils répliqué. Sur place, les autorités civiles et militaires locales, appelées en catastrophe puisque ne s'attendant nullement assister à une telle sortie chérifienne, donnaient l'impression d'attendre de hauts responsables. La foule marocaine a été dispersée vers 17h par les services du royaume chérifien qui ont donc laissé faire cette curieuse «manif'» durant des heures avant de juger utile d'intervenir. Cet incident, si on peut le qualifier ainsi, est le prolongement d'autres incidents provoqués par les Marocains ; celui notamment des terres agricoles algériennes aux lieudits Ouled Mellouk et Boukanoun piétinées par les autorités de sa majesté récemment, sous prétexte que ces parcelles sont sur leur territoire. Il a fallu la perspicacité des agriculteurs de la région pour arrêter les travaux d'une route marocaine sur nos terres.