L'idée d'une amnistie générale a été évoquée, hier, en pointillé par le président de la cellule de suivi judiciaire de l'application de la charte pour la réconciliation nationale qui a dressé un bilan chiffré de cinq années de mise en œuvre du dispositif. Depuis 2005, 7500 terroristes ont bénéficié des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, donc d'extinction de toute poursuite judiciaire à leur encontre. L'annonce a été faite hier par le président de la cellule de suivi judiciaire, Merouane Azzi, lors du forum hebdomadaire organisé par le journal El Moudjahid. Selon lui, 81 émirs – dont l'ancien membre du GIA et fondateur du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) mué en Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI), Hassan Hattab – compteraient parmi eux. Le conférencier, qui donnera également le bilan de la lutte antiterroriste ces cinq dernières années – 1290 terroristes abattus – n'a pas manqué de lancer que les portes sont toujours ouvertes pour la repentance. L'on apprend aussi que 9500 familles de terroristes ont été indemnisées, 4533 travailleurs licenciés ont été soit indemnisés soit réintégrés dans leur poste de travail. En tout, 27 000 dossiers ont été traités dans le cadre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, a indiqué M. Azzi. Seulement, précisera-t-il, il y a encore des dossiers en suspens en raison de lenteurs bureaucratiques et d'autres difficultés. Ainsi, 300 individus ayant fait entre 6 mois à 5 ans de prison, élargis dans le cadre de la charte, réclament des indemnités ; 37 autres demandent l'extinction des poursuites et le blanchiment de leur casier judiciaire. Selon M. Azzi, plusieurs mesures ont été prises pour le parachèvement de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il s'agit, dira-t-il, de la prolongation des délais du traitement des jugements, de l'annulation des mandats d'arrêt contre les terroristes qui ont bénéficié des mesures de la charte mais qui avaient fait l'objet auparavant de condamnations par la justice, et enfin de l'élargissement de l'octroi des pensions, même aux familles de terroristes abattus qui ne sont pas pauvres. Et évidemment, le président de la cellule de suivi judiciaire de l'application de la charte appelle de ses vœux d'autres mesures, entre autres «une amnistie générale que rend possible l'article 47 de la loi votée par voie référendaire le 29 septembre 2005, en cela qu'elle permet au président Bouteflika de prendre des dispositions qu'il voit nécessaire pour le rétablissement de la paix». Cependant, le dossier qui pose encore problème est celui relatif aux 500 enfants nés dans les maquis terroristes. Me Azzi annonce qu'il a été procédé au règlement de 100 cas à travers la régularisation des mariages, 37 en tout, en les enregistrant à l'état civil. Le reste, affirme-t-il, est «toujours en suspens en raison de l'absence de l'un des conjoints». Le conférencier a soutenu que la proposition a été faite «de recourir aux tests ADN pour régler le problème de ces enfants». Pour ce qui est de la question des disparus, M. Azzi a souligné qu'il y en a 6544 cas. 6420 familles de disparus ont été indemnisées jusqu'à juin 2010. Selon lui, il y a 12 familles seulement qui refusent l'indemnisation. Ces dernières, dira-t-il, «font l'objet de manipulations par des ONG et des parties étrangères». Le sénateur Boudjemaâ Souilah qui a, lui aussi, loué «les bienfaits de la charte pour la paix et la réconciliation nationale», a déclaré que le pays avait «trop souffert». Parlant «des conséquences de la crise», l'orateur annoncera que «la tragédie nationale a fait entre 150 000 et 200 000 morts. Les pertes, selon lui, sont évaluées entre 20 à 30 milliards de dollars». Le sénateur appelle à l'accélération de l'extinction des poursuites judiciaires. Pour lui, l'Etat doit mettre tous les moyens, financiers surtout, pour la réussite de la charte. Son collègue Merouane Azzi n'a rien trouvé, d'ailleurs, à répondre à une question sur les faveurs dont bénéficient les terroristes repentis que de souligner que d'abord «ce n'est pas la réalité», ensuite que «s'ils sont exclus, les autres (ceux qui sont encore en activité) ne descendront pas». No comment!