«El Watan occupe une place majeure dans le débat des idées» Après les événements d'octobre 1988, la lutte des journalistes s'intensifie, la LADH a travaillé en étroite collaboration avec le MJA (mouvement des journalistes autonome) qui a mobilisé la grande majorité des journalistes, jusqu'au vote de la loi sur la presse en mars 1990. En effet, dès la promulgation du code de l'information en avril 1990, des journalistes décident de créer leur propre journal. La période 1988-1991 constitue un moment exceptionnel en Algérie. Elle a été marquée par des bouleversements importants dans le domaine de la liberté d'expression, de l'information et des droits de l'homme. C'est à cette période qu'El Watan a été fondé (le 8 octobre 1990). Quand ce quotidien a été lancé, l'Algérie venait d'adopter une nouvelle constitution qui visait à libéraliser la scène politique et autoriser le pluralisme des médias. Né dans un contexte de changement et d'espoir, El Watan se trouve incontestablement à un moment crucial dans la marche de la société algérienne invitée à se redéfinir socialement, politiquement et économiquement. Son contenu hautement politique, des premières années de son existence, a laissé place à un contenu plus diversifié. Au fil des pages, le lecteur se remémorera nombre de grands événements et thématiques des vingt dernières années, il occupe ainsi désormais une place majeure dans le débat des idées à l'échelle national et international. Malgré les bouleversements politiques, le terrorisme, l'Etat d'urgence, le harcèlement policier et judiciaire, les mesures d'aggravation des sanctions pénales à l'encontre des journalistes, la volonté des pouvoirs publics de museler la presse à la fois frondeuse et critique à l'égard des méthodes de gouvernance et des formes de gestion des biens publics, El Watan continue son combat dans la même ligne avec plus de volonté. Aujourd'hui El Watan a atteint la fleur de l'âge et a un devoir vis-à-vis de ses lecteurs. Il a surtout une grande responsabilité, c'est celle de poursuivre le combat pour « élargir la brèche ouverte dans la cuirasse du système du parti et de la pensée uniques et fournir une tribune aux forces sociales mobilisées sous la bannière du pluralisme politique et culturel et du libéralisme économique ». Il a aussi une responsabilité supplémentaire, celle de la lutte contre la médiocrité et la dégradation que connaît la société algérienne. Maintenant El Watan n'est plus la propriété exclusive de ses fondateurs, moralement il appartient aussi à nous tous, lecteurs, militants des droits humains, syndicalistes, militants pour la démocratie et le pluralisme politiques et religieux.Surtout que le combat pour la démocratie et les droits de l'homme est toujours d'actualité.Nul ne peut contester le lourd tribut qu'a consentit El Watan face aux ennemis de la parole libre, devant le harcèlement d'une justice aux ordres, face aux hordes terroristes et les persécutions d'un pouvoir hésitant. La résistance et les sacrifices de tous les journalistes du journal El Watan méritent d'être salués.A cette occasion, je voudrais simplement rendre hommage à toute l'équipe d'El Watan et souhaiter bon anniversaire.