Homme d'engagement, Vargas Llosa, vient de recevoir le prix Nobel de littérature pour «sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec». Hier, l'écrivain hispano-péruvien, Mario Vargas Llosa, s'est vu décerner le prix Nobel de littérature. Sa carrière n'avait pourtant pas commencé sous les meilleurs auspices. En 1961, 1000 exemplaires de son premier ouvrage la Ville et les Chiens sont brûlés en autodafé dans son pays natal, le Pérou. Près de cinquante ans plus tard, la consécration est pour lui une véritable surprise. Son nom était évoqué de temps à autre par l'Académie de Stockholm, mais beaucoup lui reprochaient son engagement auprès de la droite libérale. C'est l'une des particularités de Vargas Llosa : avoir osé la rupture d'avec l'idéologie socialiste de ses débuts. Refusant de considérer la liberté comme une norme abstraite que l'on peut négliger en fonction des besoins de la Révolution, il quitte les mouvements d'extrême gauche en 1971 à la suite d'un voyage à Cuba. Il deviendra l'un des grands critiques du «Lider Maximo» et n'aura de cesse de dénoncer ses dérives dictatoriales. Son engagement politique renouvelé le conduira à se présenter, en 1990, aux élections présidentielles péruviennes comme candidat de centre-droit. La victoire lui échappera, grandi par cet «accident», qu'il ne regrette pas, il reprendra son combat littéraire. Tour à tour correcteur, traducteur, puis professeur et journaliste, il produit une œuvre riche, notamment remarquée pour ses innovations en matière de narration. Roman, poésie, essai, théâtre, il explore les genres fidèles à sa propre conception de la littérature : «Il faut rappeler à nos sociétés à quoi elles peuvent s'attendre. Il faut qu'elles sachent que la littérature, c'est comme le feu, qu'elle signifie dissidence et rébellion, que la raison d'être de l'écrivain est la protestation, la contradiction, la critique.» A 74 ans, Vargas Llosa n'en a toujours pas fini avec la plume : il prépare, pour 2011, une biographie de Roger Casement, intitulée Le Rêve du Celte. Avec cette nomination, l'Académie de Stockholm affiche en tout cas son indépendance et écarte les accusations relatives à son favoritisme envers les écrivains de gauche.