Un des artisans de la législation algérienne du travail est décédé hier à Alger, à l'âge de 84 ans. Ahmed Akkache est décédé hier matin des suites d'une longue et douloureuse maladie. Il a été enterré le même jour, dans l'après-midi, au cimetière de Ben Aknoun en présence d'une foule qui s'est avérée nombreuse, malgré que l'information n'ait pas encore été reprise par la presse. A. Akkache a souffert durant les dernières années de sa vie. Victime d'une méchante maladie du sang, il se faisait perfuser toutes les deux semaines. Le sort lui réserva d'autres douleurs, puisqu'il perdit dernièrement un fils et une fille alors que lui-même se savait gravement atteint. Né en 1926, Ahmed Akkache a fait partie des hommes et des femmes qui ont fait cette Algérie fière d'elle-même et toujours tournée vers l'avenir. Communiste dès son jeune âge, il a commencé à lire des textes marxistes au lycée de Champs de manœuvre (Alger). Depuis, il n'a jamais renié ses engagements, même au moment où le système socialiste s'effondrait. «Le marxisme a été une révélation pour moi, qui m'a fait comprendre le monde. Lutter pour une société plus juste, plus humaine, n'est-ce pas notre noble mission ?», disait-il encore le 8 mars 2007 sur les colonnes d'El Watan. Des années 1940 jusqu'à sa mort, donc sa vie durant, il a défendu les valeurs humanistes et s'était engagé dans nombre de combats aussi bien pour l'indépendance du pays que pour les causes des plus faibles. Son métier d'instituteur, qui lui avait permis de s'immerger dans l'Algérie profonde, a servi ses combats durant plusieurs années lorsqu'il fallait faire connaître la cause de l'indépendance du pays. Il était membre du bureau politique du Parti communiste algérien (PCA) et responsable de l'organe du parti, le journal Liberté, dès 1949. La lutte pour la libération du pays l'amènera à fréquenter des hommes d'autres bords politiques, notamment des dirigeants du FLN-ALN. Arrêté par l'armée coloniale en 1957, il est rapidement condamné à mort (août), mais il avait échappé à l'exécution. En juin 1960, il est condamné à 20 ans de prison par le tribunal militaire d'Alger. Une année et demie plus tard (janvier 1962), il s'évade de la prison d'Angers (France). Il quitte le PCA en 1962 suite à des différences de vues avec certains de ses camarades de la direction du parti, mais demeure profondément ancré à gauche et fidèle au marxisme. Il se consacre alors à l'enseignement et est de nouveau emprisonné (un mois) suite au coup d'Etat du 19 juin 1965 et à la création, en réaction à ce dernier, de l'Organisation de la résistance populaire (ORP). Akkache occupera plus tard des postes administratifs, notamment celui de directeur du centre familial de Ben Aknoun, où il a toujours résidé lui-même et où il a connu et fréquenté des écrivains, dont Kateb Yacine, ou encore des artistes peintres comme M'hamed Issiakhem. Ces bonnes fréquentations le poussent à l'écriture. Il édite d'abord un récit autobiographique, préfacé par Kateb Yacine, relatant son évasion de la prison d'Angers. Féru d'histoire, il commence par publier un petit opuscule sur le combat de Tacfarinas contre l'occupation romaine. Cependant, son livre le plus marquant demeurera sans doute La Révolte des saints, un roman documenté, collant de très près aux faits et consacré à la longue et trouble période historique de la Numidie et de la Maurétanie des IVe et Ve siècles après J.-C. Ce roman a été publié par les éditions Casbah en 2006.