Photo : S. Zoheïr Par Ali Boukhlef Le minuscule cimetière communal de Ben Aknoun s'est avéré exigu devant la déferlante humaine venue saluer le général Larbi Belkheir, en route pour sa dernière demeure. Cette journée glaciale n'a pas empêché l'essentiel de ce que compte la classe politique nationale, les médias et surtout la classe dirigeante de converger vers le cimetière pour saluer une dernière fois celui qui, des décennies durant, a marqué la vie politique de la nation. Tantôt décrié, tantôt aimé ou craint, Belkheir réussi cette prouesse de réunir, ne serait-ce que le temps d'un enterrement, des gens de bords totalement différents. Des membres du gouvernement, venus au complet avec leur chef, Ahmed Ouyahia, aux officiers supérieurs de l'armée, jusqu'aux responsables des partis de l'Alliance présidentielle, en passant par les partis de l'opposition –pas tous bien sûr- à l'image de Djaballah, se sont donc entassés, bien avant la fin de la prière du vendredi, sous le chapiteau du cimetière de Ben Aknoun. L'arrivée de la dépouille, saluée par une haie des éléments de la garde républicaine qui lui ont rendu les honneurs –c'est dire la place qu'occupait le défunt au sein du pouvoir- a été suivie par une foule compacte. Aux côtés des membres de la famille, on peut distinguer des têtes commues, à l'image de l'ancien président Chadli Bendjedid. Il faut dire que tous ces égards renseignent ce qu'était Larbi Belkheir. Loin d'être un simple ambassadeur à Rabat (désigné en 2005), le général Larbi Belkheir était, en fait, l'un des hommes les plus influents du régime algérien depuis au moins une vingtaine d'années. Après avoir été secrétaire permanent du Haut-Conseil de sécurité, il a été respectivement nommé chef de cabinet de la présidence de la République, secrétaire général de cette institution et, puis, ministre de l'Intérieur. C'était à lui que revenait la mission d'annoncer à l'opinion publique nationale et internationale la victoire l'ex-FIS lors des élections législatives de décembre 1991. Un temps effacé de la scène politique, le général Larbi Belkheir était revenu dans les appareils de l'Etat comme chef de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika en 1999. En 2005, il a été désigné ambassadeur au Maroc, avant que la maladie ne l'éloigne, depuis maintenant plusieurs mois, de la vie publique. Il s'est éteint jeudi dernier à l'âge de 72 ans. L'Algérie vient de perdre, avec la disparition de Si Larbi, «un de ses enfants dévoués et un militant qui a toujours servi son pays avec abnégation et engagement, d'abord en prenant les armes face au colonisateur et en accomplissant son devoir avec les moudjahidine pendant la guerre de libération jusqu'à l'avènement de la liberté, puis dans les rangs de l'Armée nationale populaire [ANP] avant d'occuper de hautes fonctions», a écrit le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, en guise d'hommage à celui qui a travaillé à ses côtés durant de longues années. Plusieurs autres personnalités, dont les présidents des deux chambres du Parlement, ont rendu hommage au défunt.