Les avocats de la défense et les responsables de l'église protestante d'Algérie (EPA) réfutent le grief d'«ouverture illicite» de lieux de culte retenu contre les prévenu Après le verdict dans l'affaire des deux non-jeûneurs de Aïn El Hammam où le tribunal correctionnel a prononcé, mardi dernier, la relaxe en faveur des prévenus, les regards seront braqués, aujourd'hui, sur Larbaâ Nath Irathen, à une trentaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, à l'occasion du procès des quatre chrétiens. Mahmoud Yahou, Abdenour Raid, Nacer Mokrani et Idir Haoudj, originaires du village d'Ath Atelli, sont poursuivis pour «ouverture illicite» d'un lieu de culte.Le procès devait se tenir le 8 août, puis le 26 septembre dernier, mais il a été reporté à deux reprises. Dans cette affaire, la justice reproche aux prévenus d'avoir ouvert un lieu de culte sans autorisation des pouvoirs publics. Toutefois, aussi bien les avocats de la défense que les responsables de l'église protestante d'Algérie (EPA) réfutent ce grief, arguant que les antennes de l'église protestante peuvent exercer avec un agrément national délivré par l'Etat à l'EPA, en attendant l'autorisation des pouvoirs publics. «La communauté du village d'Ath Atteli est en voie d'avoir l'autorisation des pouvoirs publics. Elle a même déposé le dossier, mais on lui refuse de lui délivrer le récépissé de dépôt au niveau de la commission nationale des cultes non musulmans du ministère des Affaires religieuses. On ne sait pas pourquoi. Aucune communauté protestante n'est agrée à ce jours en Algérie», nous a expliqué maître Ben Belkacem, membre du collectif d'avocats de défense des mis en cause. Arezki Aït Larbi, initiateur du collectif SOS Libertés, précise, pour sa part, qu'après le procès des non-jeûneurs de Aïn El Hammam, «la tendance semble aller vers l'apaisement. Nous souhaitons aussi que cette tendance va se confirmer à Larbaâ Nath Irathen», a-t-il souligné avant de poursuivre : «Il faut rester toujours vigilant jusqu'au dénouement total de cette agression contre les libertés en général et les libertés de la conscience en particulier. Nous tirerons toutes les conclusions après le procès des déjeuneurs d'Ighzer Amokrane qui aura lieu le 8 novembre prochain à Akbou.» Aussi, M. Aït Larbi ajoute que «d'ici là, il faut absolument que la mobilisation continue dans le calme, pour ne pas répondre aux provocations d'où qu'elles viennent». Aujourd'hui, un rassemblement de soutien aux mis en cause est prévu devant le palais de justice de l'ex-Fort National. La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, le RCD, le MAK, le CMA ainsi que le collectif SOS Libertés, entre autres, ont manifesté leur solidarité envers les prévenus, estimant qu'il s'agit «d'une atteinte aux libertés individuelles».